En remontant la rue Vilin
Mise à jour le 12/09/2025

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En remontant la rue Vilin
La rue Vilin serpentait jadis sur la colline de Belleville, à l’emplacement du parc. C’était une rue typique du vieux Paris, pittoresque et populaire, où les communautés se mêlaient dans le respect de leur humanité commune. Elle s’est inscrite dans la mémoire des nombreuses populations qui y ont habité et l’ont fait vivre au quotidien. Mais elle n’est pas pour autant un lieu fantôme, puisqu’elle a suscité une impressionnante quantité de témoignages et d’hommages, à travers des textes, des photographies, des films… C’est à sa recréation sensible, sur les pas de Georges Perec, qui l’a habitée enfant et l‘a parcourue écrivain, mais aussi d’autres artistes qu’elle a inspirés, que nous vous convions aujourd’hui au moyen d’un parcours photographique et d’un florilège de citations.
En remontant la rue Vilin
La rue Vilin serpentait jadis sur la colline de Belleville, à l’emplacement du parc. C’était une rue typique du vieux Paris, pittoresque et populaire, où les communautés se mêlaient dans le respect de leur humanité commune. Elle s’est inscrite dans la mémoire des nombreuses populations qui y ont habité et l’ont fait vivre au quotidien. Mais elle n’est pas pour autant un lieu fantôme, puisqu’elle a suscité une impressionnante quantité de témoignages et d’hommages, à travers des textes, des photographies, des films… C’est à sa recréation sensible, sur les pas de Georges Perec, qui l’a habitée enfant et l‘a parcourue écrivain, mais aussi d’autres artistes qu’elle a inspirés, que nous vous convions aujourd’hui au moyen d’un parcours photographique et d’un florilège de citations.



La rue Vilin naît à la hauteur du n° 29 de la rue des Couronnes […]. Sur la droite (côté pair), un immeuble à trois pans : une façade sur la rue Vilin, une sur la rue des Couronnes, la troisième, étroite, décrivant le faible angle que font les deux rues entre elles ; au rez-de-chaussée, un café-restaurant à la façade bleu ciel agrémentée de jaune. Sur la gauche (côté impair), le n° 1 a été ravalé récemment. C’était, m’a-t-on dit, l’immeuble où vivaient les Szulevicz*. Nulle boîte aux lettres dans l’entrée minuscule.
« Vilin, réel 1" (27 février 1969), Lieux, Seuil, 2022.
Au croisement Vilin pair, Julien-Lacroix pair : une maison en réfection avec un balcon de fer forgé au premier et la mention, deux fois répétée : « Attention escalier » : il n’y a nulle trace d’escalier ; j’ai compris un peu plus tard qu’il s’agit de l’escalier qui termine la rue.
« Vilin, réel 1 » (27 février 1969), Lieux, Seuil, 2022.
Avis d’appel d’offres
travaux de démolition
îlot insalubre n° 7
(il n’y a que pendant les guerres que s’élucubre la démolition des îlots salubres)
l’atoll en question baigne dans la rue des Couronnes la rue Julien Lacroix
la rue d’Eupatoria la rue de la Mare et le passage Notre-Dame-de-Lacroix
faut que j’aille voir avant que tout ça ne disparaisse« Îlot insalubre », Courir les rues, Gallimard, 1967.
Le Petit Parisien, journal du 21 octobre 1932, première page.
32, 34 Détruits
36 Existe encore
Après 36 plus rien
Tout en haut : « Applications plastiques »
Toute la gauche en haut : chantier de démolition
Pigeons
Chat
Carcasse de voiture
Rencontre un enfant de dix ans né au 16
Part dans son pays (Israël) dans huit semaines« Vilin, réel 1 » (27 février 1969), Lieux, Seuil, 2022.
Un bâtiment bas avec une porte ; la porte donne sur une longue cour pavée avec quelques décrochements (escaliers de deux ou trois marches). À droite, un long bâtiment à un étage […], avec un double perron de béton. Au fond, un bâtiment informe. À gauche, des espèces de clapiers ? Je ne suis pas rentré.
« Vilin, réel 4 » 5 novembre 1972, Lieux, Seuil, 2022.
L’immeuble du numéro 24 est constitué par une série de petites bâtisses, à un ou deux étages, encadrant une courette plutôt sordide. Je ne sais pas dans laquelle j’ai habité. Je n’ai pas cherché à entrer à l’intérieur des logements, aujourd’hui généralement occupés par des travailleurs immigrés portugais ou africains, persuadé du reste que cela ne raviverait pas davantage mes souvenirs.
« W ou le Souvenir d’enfance », Denoël, 1975.
3 : Magasin de couleurs Bonneterie : petit dialogue avec la marchande qui me prend pour un of ciel : « Alors, vous venez nous détruire ? Ça va disparaître d’ici dix ans. » Travaux de voirie : installation du gaz de Lacq. 4 : Boutonniériste.
« Vilin, réel 2 » (25 juin 1970), Lieux, Seuil, 2022.
Un jour [ma mère] m’accompagna à la gare. C’était en 1942. C’était la gare de Lyon. Elle m’acheta un illustré qui devait être un Charlot. Je l’aperçus, il me semble, agitant un mouchoir blanc sur le quai cependant que le train se mettait en route. J’allais à Villard-de-Lans, avec la Croix Rouge.
« W ou le Souvenir d’enfance », Denoël, 1975.
Approchons nous du numéro 47 et ouvrons les volets. Nous sommes en 1945, en hiver. Madame Rayda est à sa fenêtre. Elle est cartomancienne, c’est écrit sur son volet. […] Sur [une autre photographie] – la photo est de Christine Lipinska, et nous sommes en 1970 –, les volets de Madame Rayda sont définitivement clos.
commentaire du film « En remontant la rue Vilin », VF Films productions, 1992.
La rue fait, sur la droite, un angle d’environ 30 degrés. Du côté pair, la rue s’arrête au n° 38 ; puis il y a une cabane en briques rouges, puis l’arrivée d’un escalier venant d’une rue parallèle à la rue Vilin, mais s’amorçant un peu plus loin dans la rue des Couronnes […]. Puis un grand terrain vague, caillasses, herbes pelées.
« Vilin, réel 1 » (27 février 1969), Lieux, Seuil, 2022.
Destruction d’immeubles
La rue Vilin est déclarée îlot insalubre au début des années 1960 puis laissée à l’abandon pendant presque dix ans avant que ne commence, en 1969, le programme de sa démolition. Immeuble par immeuble, les habitants étaient expropriés puis relogés avant que les démolisseurs n’interviennent. Cette mort irrégulière et lente, mêlant ruines et habitations, dura jusqu’en 1982. En 1988, le parc de Belleville l’a remplacée sur les deux tiers de son ancien tracé, des immeubles neufs étant construits dans la portion du bas où elle a subsisté avec son nom.
Destruction d’immeubles
La rue Vilin est déclarée îlot insalubre au début des années 1960 puis laissée à l’abandon pendant presque dix ans avant que ne commence, en 1969, le programme de sa démolition. Immeuble par immeuble, les habitants étaient expropriés puis relogés avant que les démolisseurs n’interviennent. Cette mort irrégulière et lente, mêlant ruines et habitations, dura jusqu’en 1982. En 1988, le parc de Belleville l’a remplacée sur les deux tiers de son ancien tracé, des immeubles neufs étant construits dans la portion du bas où elle a subsisté avec son nom.
16 Magasin muré
14 Boutique immeuble détruit
17 Bar caves
12 Gelibter
15 Entièrement détruit
10 Parage de peaux
13 Détruit
11 Détruit
9
8
6 Coiffure
Magasin fermé
4 Boutonniériste
5 Laiterie -> plombier
3 Couleurs
Confection Au bon accueil« Vilin, réel 4 » (5 novembre 1972), Lieux, Seuil, 2022.
Un jour – avril embaumait la rue – Harry Baur vint tourner Taxi dans le décor du petit hôtel à la passerelle contiguë à la maison du meunier aujourd’hui disparue. « Harry Baur est au bistrot… là-haut… y tourne un film ! » Les copains et moi on s’est précipités à fond de train vers l’escalier de la rue Vilin et nous avons vu la silhouette massive de l’acteur assis devant une table du café.
Des Dimanches à Belleville, Seuil, 1984.
– au 18 : Hôtel de Constantine
– au 24 : « Coiffure de dames »
– au 27 : La Maison du Taleh (« Mohel, Chohet, Librairie, Papeterie, Articles de culte, Jouets »)
– au 31 : « A. Martin Installation générale d’usines »
– au 32 : un « Vins et Liqueurs »
– au 34 : un autre « Vins et Liqueurs »
– au 45 : Hôtel du Mont-Blanc
– au 49 : « Entreprise de maçonnerie »
– au 53-55 : « Vins et Charbons » Au Repos de la MontagneD’après Georges Perec, Lieux, Seuil, 2022.
Et le paysage à moitié construit à moitié démoli
à moitié réveillé à moitié endormi
s’effondre dans la guerre le malheur et l’oubli
et puis il recommence une fois la guerre finie
il se rebâtit lui même dans l’ombre« Le paysage changeur », Essais et combats, 1938.
Vous savez le nombre d’enfants qui ont été pris à Belleville ? On a pris mes grands-parents, mes oncles, mes tantes, mes parents. Le plus jeune dans l’immeuble avait un an et demi, et le plus vieux, c’était mon grand-père qui avait 78 ans.
entretien avec Françoise Morier dans Belleville, Belleville, visages d’une planète, Créaphis, 1994.
Vue d'ensemble
Cette vue d’ensemble du haut de la rue Vilin a été prise depuis le sommet d’un immeuble, probablement rue du Transvaal. On remarque en haut la « maison du meunier » au rez-de-chaussée de laquelle le « Repos de la Montagne » est fermé. Un peu plus bas, le Y que forme la chaussée mène par sa branche gauche à la cascade d’escaliers qui commencent le passage Julien Lacroix et par sa droite à la rue Vilin descendante qui s’enfonce en sinuant. On ne voit là qu’une seule personne, un homme sur le pas de porte d’un magasin de chaussures, comme s’il était le dernier habitant du lieu.
Vue d'ensemble
Cette vue d’ensemble du haut de la rue Vilin a été prise depuis le sommet d’un immeuble, probablement rue du Transvaal. On remarque en haut la « maison du meunier » au rez-de-chaussée de laquelle le « Repos de la Montagne » est fermé. Un peu plus bas, le Y que forme la chaussée mène par sa branche gauche à la cascade d’escaliers qui commencent le passage Julien Lacroix et par sa droite à la rue Vilin descendante qui s’enfonce en sinuant. On ne voit là qu’une seule personne, un homme sur le pas de porte d’un magasin de chaussures, comme s’il était le dernier habitant du lieu.
Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre
quelque chose : arracher
quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser,
quelque part, un sillon, une trace, une marque ou
quelques signes.« Espèces d’espaces », Galilée, 1974.
Parcours réalisé par la Direction des affaires culturelles de la Ville de Paris, avec le concours de la Direction des espaces verts et de l’environnement.
La rue Vilin en podcast
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