En remontant la rue Vilin

Dossier

Mise à jour le 12/09/2025

Enfants qui jouent dans la rue Vilin
À partir du 27 septembre 2025, partez à la recherche du temps retrouvé en arpentant le parc de Belleville (20e) où un parcours expo vous fera revivre l'ancienne rue Vilin, mise en mots et en images par l'écrivain Georges Perec.

Testez vos connaissances

Typique du vieux Paris, pittoresque et populaire, la rue Vilin serpentait jadis sur la colline de Belleville. Immigrés juifs d'Europe de l'Est, Arméniens au début du XXe siècle, puis Maghrébins à partir des années 1960, les communautés s'y mélangeaient. Les enfants trouvaient dans les volées d'escaliers qui la ponctuaient un formidable terrain de jeux.
La rue Vilin était aussi une rue commerçante avec des bars et marchands de vin, un restaurant, un hôtel, une bonneterie, une laiterie, une teinturerie, une papeterie, deux salons de coiffure et même une voyante…
Né en 1936, l'écrivain Georges Perec y a passé ses six premières années avec sa famille avant que la guerre et la déportation ne les séparent à jamais, comme de très nombreux habitants de la rue, notamment des enfants. Il est y revenu à diverses reprises, de 1969 à 1975, pour un travail littéraire intitulé Lieux. À cette époque, la rue déclarée insalubre est en effet en cours de démolition et se vide de ses habitants.
Depuis 1988, alternant pelouses et terrasses, le parc de Belleville (20e) s'étage à flanc de colline, épousant le tracé de la rue Vilin qu'il a remplacée. Mais le souvenir de la rue demeure, inscrit dans la mémoire de ceux qui y ont vécu et dans les témoignages, films, photographies, livres qu'elle a inspirés.
Une mémoire entretenue à travers un parcours-expo installé dans le parc de Belleville et composé de 18 panneaux associant photos, textes et citations.
Une promenade sensible à la recherche du temps retrouvé. À découvrir à partir du 27 septembre 2025 au parc de Belleville et sur cette page.
Vidéo Youtube

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Georges Perec en photo rue Vilin

En remontant la rue Vilin

La rue Vilin serpentait jadis sur la colline de Belleville, à l’emplacement du parc. C’était une rue typique du vieux Paris, pittoresque et populaire, où les communautés se mêlaient dans le respect de leur humanité commune. Elle s’est inscrite dans la mémoire des nombreuses populations qui y ont habité et l’ont fait vivre au quotidien. Mais elle n’est pas pour autant un lieu fantôme, puisqu’elle a suscité une impressionnante quantité de témoignages et d’hommages, à travers des textes, des photographies, des films… C’est à sa recréation sensible, sur les pas de Georges Perec, qui l’a habitée enfant et l‘a parcourue écrivain, mais aussi d’autres artistes qu’elle a inspirés, que nous vous convions aujourd’hui au moyen d’un parcours photographique et d’un florilège de citations.

Georges Perec en photo rue Vilin

En remontant la rue Vilin

La rue Vilin serpentait jadis sur la colline de Belleville, à l’emplacement du parc. C’était une rue typique du vieux Paris, pittoresque et populaire, où les communautés se mêlaient dans le respect de leur humanité commune. Elle s’est inscrite dans la mémoire des nombreuses populations qui y ont habité et l’ont fait vivre au quotidien. Mais elle n’est pas pour autant un lieu fantôme, puisqu’elle a suscité une impressionnante quantité de témoignages et d’hommages, à travers des textes, des photographies, des films… C’est à sa recréation sensible, sur les pas de Georges Perec, qui l’a habitée enfant et l‘a parcourue écrivain, mais aussi d’autres artistes qu’elle a inspirés, que nous vous convions aujourd’hui au moyen d’un parcours photographique et d’un florilège de citations.

Plan du quartier de Belleville
Situation de la rue Vilin dans le quartier de Belleville en 1950 Plan du quartier de Belleville
AVANT / APRÈS : à gauche, état de la rue Vilin en 1950, à droite, le parc de Belleville en 2009 (© Antonin Crenn)
Ville de Paris
Créée en 1846, à une époque où Belleville ne fait pas encore partie de Paris, la rue Vilin doit son nom au propriétaire du terrain où elle fut aménagée, Pierre Augustin Vilin, architecte et ultérieurement maire de la commune de Belleville. De la rue des Couronnes, ses 243 mètres pavés montaient en sinuant deux fois jusqu’à la rue Piat qu’elle rejoignait par un escalier, croisant la rue puis le passage Julien Lacroix et le passage Vilin.

La rue Vilin naît à la hauteur du n° 29 de la rue des Couronnes […]. Sur la droite (côté pair), un immeuble à trois pans : une façade sur la rue Vilin, une sur la rue des Couronnes, la troisième, étroite, décrivant le faible angle que font les deux rues entre elles ; au rez-de-chaussée, un café-restaurant à la façade bleu ciel agrémentée de jaune. Sur la gauche (côté impair), le n° 1 a été ravalé récemment. C’était, m’a-t-on dit, l’immeuble où vivaient les Szulevicz*. Nulle boîte aux lettres dans l’entrée minuscule.

Georges Perec
« Vilin, réel 1" (27 février 1969), Lieux, Seuil, 2022.
* Szulevicz est le nom de la famille maternelle de Perec.
Située dans un quartier populaire, la rue Vilin a des habitants de condition modeste : immigrés juifs d’Europe de l’Est puis arméniens au début du xxe siècle, immigrés maghrébins, algériens et juifs tunisiens à partir des années 1960. Au carrefour entre la rue Vilin et la rue Julien Lacroix, côté pair, se tenait un détaillant de « Vins & Charbons », alliance commerciale traditionnelle à Paris.

Au croisement Vilin pair, Julien-Lacroix pair : une maison en réfection avec un balcon de fer forgé au premier et la mention, deux fois répétée : « Attention escalier » : il n’y a nulle trace d’escalier ; j’ai compris un peu plus tard qu’il s’agit de l’escalier qui termine la rue.

Georges Perec
« Vilin, réel 1 » (27 février 1969), Lieux, Seuil, 2022.
La rue Vilin escalade l’éminence de Belleville, la seconde plus haute des sept collines de Paris après celle de Montmartre. Déjà dans les années 1920, des édiles appellent à en détruire certaines portions adjacentes, vétustes ou devenues insalubres, pour y planter des jardins publics.

Avis d’appel d’offres
travaux de démolition
îlot insalubre n° 7
(il n’y a que pendant les guerres que s’élucubre la démolition des îlots salubres)
l’atoll en question baigne dans la rue des Couronnes la rue Julien Lacroix
la rue d’Eupatoria la rue de la Mare et le passage Notre-Dame-de-Lacroix
faut que j’aille voir avant que tout ça ne disparaisse

Raymond Queneau
« Îlot insalubre », Courir les rues, Gallimard, 1967.
« Dans cette voie assez étroite et qui peut-être semble plus grouillante encore du fait qu’on ne s’y exprime pas en français, mais en yiddish, un drame effroyable s’est produit hier. Quatre enfants et leur mère ont été brûlés vifs. […] à cet endroit, encastrés dans les immeubles en maçonnerie, plusieurs logements tout en bois et si vétustes, avec un tel labyrinthe d’escaliers, de coins et recoins qu’il allait être impossible de porter secours aux habitants »
Le Petit Parisien, journal du 21 octobre 1932, première page.
Les victimes étaient Madame Goldfarb, ses deux fils : Schia (12 ans), Samuel Mandel (dix ans), et ses deux filles : Hinda (10 ans), Schipa (8 ans) – tous nés à Varsovie, en Pologne.

32, 34 Détruits
36 Existe encore
Après 36 plus rien
Tout en haut : « Applications plastiques »
Toute la gauche en haut : chantier de démolition
Pigeons
Chat
Carcasse de voiture
Rencontre un enfant de dix ans né au 16
Part dans son pays (Israël) dans huit semaines

Georges Perec
« Vilin, réel 1 » (27 février 1969), Lieux, Seuil, 2022.
De 1969 à 1975, Georges Perec est revenu à diverses reprises rue Vilin, dans le cadre d’un travail littéraire et mémoriel intitulé Lieux, parfois en se faisant accompagner par un ou une ami(e) photographe. Il s’agissait pour lui soit de décrire la rue en train de disparaître, soit de se souvenir de ce qui l’y rattachait. Sur les photos ci-dessus, il se trouve devant ou à proximité du numéro 24 où ses parents et grands-parents ont habité et où il a passé ses six premières années, avant que la guerre et la déportation ne les séparent à jamais.

Un bâtiment bas avec une porte ; la porte donne sur une longue cour pavée avec quelques décrochements (escaliers de deux ou trois marches). À droite, un long bâtiment à un étage […], avec un double perron de béton. Au fond, un bâtiment informe. À gauche, des espèces de clapiers ? Je ne suis pas rentré.

Georges Perec
« Vilin, réel 4 » 5 novembre 1972, Lieux, Seuil, 2022.
Au n° 24 de la rue Vilin se trouvait le salon de coiffure de la mère de Georges Perec. Dans son film En remontant la rue Vilin, Robert Bober a fait l’extraordinaire découverte, grâce à des photos de diverses époques, que l’inscription « Coiffure de dames » n’était pas, comme on aurait pu le croire, en train de disparaître, effacée par le temps, mais au contraire de réapparaître, le badigeon la recouvrant progressivement érodé. « La photographie est un défi à la disparition », conclut le film. Cette maison fut l’une des dernières de la rue à être détruite, le lendemain de la mort de Georges Perec, le 3 mars 1982.

L’immeuble du numéro 24 est constitué par une série de petites bâtisses, à un ou deux étages, encadrant une courette plutôt sordide. Je ne sais pas dans laquelle j’ai habité. Je n’ai pas cherché à entrer à l’intérieur des logements, aujourd’hui généralement occupés par des travailleurs immigrés portugais ou africains, persuadé du reste que cela ne raviverait pas davantage mes souvenirs.

Georges Perec
« W ou le Souvenir d’enfance », Denoël, 1975.
La rue Vilin était aussi une rue commerçante. S’y trouvaient bars et marchands de vin, un restaurant, un hôtel, une bonneterie, une laiterie, une teinturerie, une librairie-papeterie, un tailleur et deux salons de coiffure.

3 : Magasin de couleurs Bonneterie : petit dialogue avec la marchande qui me prend pour un of ciel : « Alors, vous venez nous détruire ? Ça va disparaître d’ici dix ans. » Travaux de voirie : installation du gaz de Lacq. 4 : Boutonniériste.

Georges Perec
« Vilin, réel 2 » (25 juin 1970), Lieux, Seuil, 2022.
Icek (André) Perec, le père de Georges, meurt le 16 juin 1940 des suites de blessures reçues au combat. Au printemps 1942, Cyrla (Cécile), la mère de Georges, l’envoie dans le Vercors par un convoi de la Croix-Rouge française, afin de le mettre à l’abri des rafles. Elle-même est arrêtée le 17 janvier 1943 sur dénonciation (pour n’avoir pas dormi chez elle, comme l’y obligeait la loi) puis déportée le 11 février à Auschwitz en même temps que son père Aron Szulevicz et sa jeune sœur Fanny (aucun ne reviendra). David, le grand-père paternel de Georges, suit le même chemin en mars 1943. Rose, la grand-mère paternelle, prévenue par une voisine, échappe par miracle à la rafle.

Un jour [ma mère] m’accompagna à la gare. C’était en 1942. C’était la gare de Lyon. Elle m’acheta un illustré qui devait être un Charlot. Je l’aperçus, il me semble, agitant un mouchoir blanc sur le quai cependant que le train se mettait en route. J’allais à Villard-de-Lans, avec la Croix Rouge.

Georges Perec
« W ou le Souvenir d’enfance », Denoël, 1975.
Au 47, rue Vilin vivait une voyante, Madame Rayda. Sans conteste l’une des vedettes de la rue si l’on en juge par le nombre de fois où elle a été photographiée. On la voit en effet sur des clichés de René-Jacques, de Robert Doisneau, de Willy Ronis… à sa fenêtre ou chez elle.

Approchons nous du numéro 47 et ouvrons les volets. Nous sommes en 1945, en hiver. Madame Rayda est à sa fenêtre. Elle est cartomancienne, c’est écrit sur son volet. […] Sur [une autre photographie] – la photo est de Christine Lipinska, et nous sommes en 1970 –, les volets de Madame Rayda sont définitivement clos.

Robert Bober
commentaire du film « En remontant la rue Vilin », VF Films productions, 1992.
Nous sommes ici à l’angle du passage Julien-Lacroix, qu’unissait à la rue Vilin une succession d’escaliers assez abrupts. Du côté pair de la rue Vilin, sur sa dernière courte section après un second virage, commence une sorte de terrain vague en terrasse, parcouru de chemins menant vers la rue des Couronnes, avec un atelier ou une petite usine. Les voitures s’y garent et c’est une zone de jeux pour les enfants. Dans le film d’Albert Lamorisse Le Ballon rouge (1956), en partie tourné dans le quartier, c’est ici que le ballon est trouvé, accroché à un réverbère.

La rue fait, sur la droite, un angle d’environ 30 degrés. Du côté pair, la rue s’arrête au n° 38 ; puis il y a une cabane en briques rouges, puis l’arrivée d’un escalier venant d’une rue parallèle à la rue Vilin, mais s’amorçant un peu plus loin dans la rue des Couronnes […]. Puis un grand terrain vague, caillasses, herbes pelées.

Georges Perec
« Vilin, réel 1 » (27 février 1969), Lieux, Seuil, 2022.
Immeuble détruit rue Vilin

Destruction d’immeubles

La rue Vilin est déclarée îlot insalubre au début des années 1960 puis laissée à l’abandon pendant presque dix ans avant que ne commence, en 1969, le programme de sa démolition. Immeuble par immeuble, les habitants étaient expropriés puis relogés avant que les démolisseurs n’interviennent. Cette mort irrégulière et lente, mêlant ruines et habitations, dura jusqu’en 1982. En 1988, le parc de Belleville l’a remplacée sur les deux tiers de son ancien tracé, des immeubles neufs étant construits dans la portion du bas où elle a subsisté avec son nom.

Immeuble détruit rue Vilin

Destruction d’immeubles

La rue Vilin est déclarée îlot insalubre au début des années 1960 puis laissée à l’abandon pendant presque dix ans avant que ne commence, en 1969, le programme de sa démolition. Immeuble par immeuble, les habitants étaient expropriés puis relogés avant que les démolisseurs n’interviennent. Cette mort irrégulière et lente, mêlant ruines et habitations, dura jusqu’en 1982. En 1988, le parc de Belleville l’a remplacée sur les deux tiers de son ancien tracé, des immeubles neufs étant construits dans la portion du bas où elle a subsisté avec son nom.

16 Magasin muré
14 Boutique immeuble détruit
17 Bar caves
12 Gelibter
15 Entièrement détruit
10 Parage de peaux
13 Détruit
11 Détruit
9
8
6 Coiffure
Magasin fermé
4 Boutonniériste
5 Laiterie -> plombier
3 Couleurs
Confection Au bon accueil

Georges Perec
« Vilin, réel 4 » (5 novembre 1972), Lieux, Seuil, 2022.
La rue Vilin fut si typique du « vieux Paris » populaire que nombre d’artistes sont venus s’y promener, la visiter et l’ont représentée : des écrivains (Jacques Prévert, Raymond Queneau…), des cinéastes (elle apparaît dans des scènes d’Orphée, de Casque d’or, du Ballon rouge, de Jules et Jim, d’Un homme qui dort…), des photographes (Willy Ronis, Robert Doisneau, René-Jacques, Pierre Getzler, Christine Lipinska…) et des artistes (tel celui sur cette photo, installé passage Vilin avec son chevalet). D’autres y ont vécu (Georges Perec, Étienne Raczymow, Roland Liot…) et ont rapporté son quotidien, son histoire, rappelé ses habitants, ses bonheurs, ses drames, sa destruction.

Un jour – avril embaumait la rue – Harry Baur vint tourner Taxi dans le décor du petit hôtel à la passerelle contiguë à la maison du meunier aujourd’hui disparue. « Harry Baur est au bistrot… là-haut… y tourne un film ! » Les copains et moi on s’est précipités à fond de train vers l’escalier de la rue Vilin et nous avons vu la silhouette massive de l’acteur assis devant une table du café.

Clément Lépidis
Des Dimanches à Belleville, Seuil, 1984.
Le « Vins et Charbons » Au repos de la Montagne occupait la dernière maison de la rue Vilin, côté impair. Peut-être devait-il son nom à la nostalgie d’un « bougnat » Auvergnat pour son pays natal, ou bien exagérait-il l’altitude de la colline de Belleville, ou encore proposait-il plus simplement une halte salutaire après la rude montée au pied des escaliers. On appelait l’immeuble dont il occupait le rez-de-chaussée, avec sa tourelle coiffée d’un toit à cinq pans, « la maison du meunier ».

– au 18 : Hôtel de Constantine
– au 24 : « Coiffure de dames »
– au 27 : La Maison du Taleh (« Mohel, Chohet, Librairie, Papeterie, Articles de culte, Jouets »)
– au 31 : « A. Martin Installation générale d’usines »
– au 32 : un « Vins et Liqueurs »
– au 34 : un autre « Vins et Liqueurs »
– au 45 : Hôtel du Mont-Blanc
– au 49 : « Entreprise de maçonnerie »
– au 53-55 : « Vins et Charbons » Au Repos de la Montagne

Georges Perec
D’après Georges Perec, Lieux, Seuil, 2022.
Photographié par Robert Doisneau en 1955, Jacques Prévert se tient sur l’escalier de la rue Vilin, un peu en surplomb du Repos de la montagne, une éternelle cigarette à la bouche. Le poète et scénariste du « réalisme poétique » est connu pour sa simplicité engagée au service des modestes et des petits, le photographe humaniste pour ses instantanés empreints de tendresse. Les deux amis sont des piétons de Paris où ils font ensemble de longues promenades dans les quartiers populaires.

Et le paysage à moitié construit à moitié démoli
à moitié réveillé à moitié endormi
s’effondre dans la guerre le malheur et l’oubli
et puis il recommence une fois la guerre finie
il se rebâtit lui même dans l’ombre

Jacques Prévert
« Le paysage changeur », Essais et combats, 1938.
L’escalier de la rue Vilin se termine par une double volée au milieu de laquelle trône un énorme réverbère. Comme il transforme la rue en impasse, la circulation automobile est très limitée à partir du carrefour Vilin Lacroix, réduite au parking et laissant ainsi le champ libre aux enfants. L’hiver tout particulièrement le lieu se prête aux glissades. Qu’est-ce qui retient ainsi l’attention de ceux qu’a ici saisis Willy Ronis ? Durant l’Occupation, la rue Vilin paya un lourd tribut à la déportation et plusieurs centaines de ses plus jeunes habitants périrent.

Vous savez le nombre d’enfants qui ont été pris à Belleville ? On a pris mes grands-parents, mes oncles, mes tantes, mes parents. Le plus jeune dans l’immeuble avait un an et demi, et le plus vieux, c’était mon grand-père qui avait 78 ans.

Étienne Raczymow
entretien avec Françoise Morier dans Belleville, Belleville, visages d’une planète, Créaphis, 1994.
Vue en hauteur de la rue Vilin en 1964

Vue d'ensemble

Cette vue d’ensemble du haut de la rue Vilin a été prise depuis le sommet d’un immeuble, probablement rue du Transvaal. On remarque en haut la « maison du meunier » au rez-de-chaussée de laquelle le « Repos de la Montagne » est fermé. Un peu plus bas, le Y que forme la chaussée mène par sa branche gauche à la cascade d’escaliers qui commencent le passage Julien Lacroix et par sa droite à la rue Vilin descendante qui s’enfonce en sinuant. On ne voit là qu’une seule personne, un homme sur le pas de porte d’un magasin de chaussures, comme s’il était le dernier habitant du lieu.

Vue en hauteur de la rue Vilin en 1964

Vue d'ensemble

Cette vue d’ensemble du haut de la rue Vilin a été prise depuis le sommet d’un immeuble, probablement rue du Transvaal. On remarque en haut la « maison du meunier » au rez-de-chaussée de laquelle le « Repos de la Montagne » est fermé. Un peu plus bas, le Y que forme la chaussée mène par sa branche gauche à la cascade d’escaliers qui commencent le passage Julien Lacroix et par sa droite à la rue Vilin descendante qui s’enfonce en sinuant. On ne voit là qu’une seule personne, un homme sur le pas de porte d’un magasin de chaussures, comme s’il était le dernier habitant du lieu.

Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre
quelque chose : arracher
quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser,
quelque part, un sillon, une trace, une marque ou
quelques signes.

Georges Perec
« Espèces d’espaces », Galilée, 1974.
Remerciements
Robert Bober, Jean Luc Joly et l’Association Georges Perec. Les photographes et leurs ayants droit.

Parcours réalisé par la Direction des affaires culturelles de la Ville de Paris, avec le concours de la Direction des espaces verts et de l’environnement.

La rue Vilin en podcast

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LSD, la série documentaire / Production : France Culture. Sur les lieux de Georges Perec, un documentaire de Claire Zalc, réalisé par Diphy Mariani. Diffusé sur France Culture du 11 au 14 mars 2024.
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