1 lieu, trois histoires : le gymnase Japy

C’est sous la forme d’un marché de quartier que le gymnase Japy (11^e) naît en 1870, sous l’empereur Napoléon III. Et puis, très vite, le site se transforme en espace public. C’est là que son destin politique se dessine : en 1889 y a lieu le congrès des organisations socialistes de France.

Tous les leaders socialistes de l’époque (Jean Jaurès, Jules Guesde, Édouard Vaillant, etc.) sont présents. Dans la salle, un certain Léon Blum, futur président du Conseil, assiste même à l’événement. Ce jour-là, pour la première fois, L’Internationale est également chantée dans un meeting politique.

Dans l’entre-deux-guerres, le gymnase Japy accueille de nombreuses autres manifestations syndicales et politiques, tel que le congrès de la CGT en 1931.

Le 14 mai 1941 a lieu « la rafle du billet vert » : 6 694 Juifs étrangers vivant en région parisienne sont emmenés de force à Japy. Elle sera suivie de deux autres épisodes tragiques les 20 août 1941 et 16 juillet 1942. Pour ces trois rafles, les personnes arrêtées seront déportées vers le camp d’Auschwitz-Birkenau (Pologne).

En 1958 et en 1961, une autre page s’écrit : Japy sert de rassemblement aux 4 000 Algériens arrêtés sur ordre du préfet de police Maurice Papon…

Honneur au ballon orange ! Dans les années 1950, le gymnase devient the place to be du basket-ball tricolore. Après quelques matchs des Jeux mondiaux universitaires de 1957, ce sont les éliminatoires du championnat d’Europe de basket-ball 1965 qui s’y déroulent, avec un carton plein des Français contre les équipes d’Angleterre, d’Israël et du Luxembourg. Des rencontres de gala illuminent aussi son parquet, avec les dribbles des champions du monde brésiliens de 1963 et la venue des stars du Simmenthal Milano, alors champions d’Europe dans les années 1960.

Depuis, le gymnase est devenu une place forte de la boxe sous toutes ses formes (anglaise, française et thaï). Et le lieu sait se réinventer : en 2025, on y a applaudi des joutes de sabre laser pour l’Open de France !