13 Novembre : des mémoires vives
Actualité
Mise à jour le 03/11/2025
Sommaire
Les attentats du 13 novembre 2015 les ont touchés de près ou de loin : artistes, responsables associatifs, riverains ou secouristes. Dix ans après, ils témoignent des conséquences sur leur vie à Paris, leur métier, leurs inspirations.
Charly, directeur du centre social et maison de quartier Aires 10
Charly, directeur du centre social et maison de quartier Aires 10.
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
« Au lendemain du 13 Novembre, après la sidération,
nous avons voulu intensifier ce qui faisait déjà la force du quartier : le
lien social. Chez Aires 10, nous avons d’abord pensé
annuler des événements en plein air sur la place Buisson-Saint-Louis (10e),
avant de nous dire qu’il fallait continuer à occuper l’espace public. Avec les
habitants, on a même réfléchi à de nouvelles opportunités : c’est ainsi
qu’est née la Gratiferia, un marché gratuit chaque premier dimanche du mois.
Le point de départ était de montrer
notre capacité à animer la vie de quartier. On sait que le risque zéro n’existe
pas, mais on ne s’interdit rien. »
Lucie, professeur d’histoire-géographie
Lucie, professeur d’histoire-géographie, ex-responsable du pôle pédagogique du Musée-mémorial du terrorisme.
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
« Après les attentats, on a confié aux enseignants
un rôle complexe : aborder ce thème sensible en classe, organiser une
minute de silence et créer une communion de deuil sans traumatiser les élèves.
Certes, j’avais l’habitude de traiter des sujets qui suscitent des émotions
fortes, comme la Seconde Guerre mondiale, mais c’est dans les programmes
scolaires !
Quant aux collégiens d’aujourd’hui, qui souvent n’ont jamais
entendu parler du 13 Novembre, c’est encore à nous de trouver des façons
d’évoquer les violences de masse ou la notion de terrorisme avec délicatesse. Je
me rends compte qu’ils posent aussi beaucoup de questions sur la souffrance des victimes, les solidarités, le devoir de
mémoire, etc. »
Benjamin, musicien
Benjamin, musicien et compositeur, dans son studio son du 18e arrondissement.
Crédit photo :
Ludivine Boizard / Ville de Paris
« Le 13 Novembre, j’avais des amis au Stade de France
(Saint-Denis), d’autres au Bataclan (11e), l’un d’eux est mort… Moi,
je mixais dans un bar rock à Pigalle (18e). Ce soir-là, en tant que
musicien, je me suis dit que je perdais ma liberté. Pendant un moment, tout n’a
été que tristesse. Je me suis fait violence pour retourner très vite à des
concerts, boire en terrasse, comme un acte de bravoure. J’ai refusé de me
laisser imposer un nouveau mode de vie par des illuminés… même si j’ai
longtemps gardé le réflexe de vérifier où se trouvaient les issues de secours.
Ma limite ? Jamais je n’irai jouer sur la scène du Bataclan.
Dix ans
après, j’y pense toujours, je pose une fleur chaque année devant la salle.
Paris est redevenue festive, plus insouciante, même : cela nous a tous fait
réaliser que la vie était courte, qu’il fallait bien s’amuser. »
Pauline, autrice et metteuse en scène des « Consolantes »
Pauline Susini, metteuse en scène des « Consolantes », dans le jardin du 13-Novembre-2015 (Paris Centre).
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
« La pièce Les Consolantes est née après une collecte de témoignages sur les attentats
menée par l’Institut d’histoire du temps présent (Aubervilliers), à laquelle j’ai participé. Je ne pensais
pas en faire un spectacle, mais au fil des rencontres avec des survivants, des familles
endeuillées et des habitants des quartiers touchés, le théâtre m’est apparu
telle une réponse : comme au tribunal, on y pose une parole entière qui
crée mémoire.
J’ai d’abord travaillé sur « la reconstruction » –
celle des corps, des psychés ou des bâtiments détruits –, puis le procès a fait
émerger la notion de consolation. Proches, médecins, avocats, professionnels du Fonds de garantie des victimes… chacun devient consolant. Le spectacle pouvait
lui-même représenter un espace de consolation. Il fallait faire preuve d’une grande
délicatesse dans mon écriture : des survivants ayant assisté au filage
m’ont dit que cela avait un effet cathartique. »
Ariane, habitante du 11e arrondissement
Ariane, riveraine du 11e arrondissement, habite non loin de la Bonne Bière (11e).
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
« J’avais prévu d’aller dîner à la Bonne Bière (11e)
ce soir-là, mais je suis remontée chez moi. Vers 21 h 25, tout le monde a ouvert
ses fenêtres à cause du bruit. Ce qui me frappe encore aujourd’hui, c’est le
son des balles, ce claquement sourd. Pour mes enfants, qui
passaient devant des montagnes de fleurs sur le chemin de l’école, cela reste très présent… Je trouve que, depuis, une certaine gravité
s’est installée. Quelque chose a un peu changé dans le quartier. Je ne suis pas
capable d’aller prendre un verre à la Bonne Bière, mais j’y suis allée quand
ils ont rouvert. Par solidarité. J’essaie aussi d’être toujours présente le 13 novembre lors des cérémonies officielles. »
Kevin, chef d’équipe à la protection civile Paris Seine
Kevin, chef d’équipe à la protection civile, est intervenu le 13 novembre 2015 au Bataclan (11e).
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
« Le soir du drame, on a été
prévenus qu’il se passait quelque chose dans Paris. Bien que formés et
aguerris, on n’était pas préparés à faire face à autant de victimes, sur
plusieurs sites et avec des enjeux de coordination avec les pompiers et le Samu.
Trois phases m’ont marqué : les secours immédiats, l’accueil des personnes impliquées
durant la nuit qui a suivi, puis l’accompagnement des familles endeuillées.
Le
13 Novembre a eu un impact sur notre organisation. La protection
civile a notamment mis des actions en place pour
être plus efficace face à des hémorragies, mais aussi dans la prise en charge
psychologique des victimes et des bénévoles. On a également recruté de nombreux nouveaux
volontaires et on nous a beaucoup sollicités pour des formations aux premiers
secours. »
Georges-Emmanuel, restaurateur dans la rue Jean-Pierre-Timbaud
Georges-Emmanuel, restaurateur dans la rue Jean-Pierre-Timbaud (11e). Dans sa vitrine, une pancarte indique : « Ici, nous nous souvenons du 13 Novembre ».
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
« Je n’étais pas dans mon
restaurant ce soir-là, mais en contact avec mes collègues sur place. On ne
savait pas quoi dire aux clients, ni où étaient les terroristes.
On avait juste mis tout le monde à l’abri dans la salle du fond. Les jours suivants, le restaurant était quasiment vide. Les gens n’osaient pas venir. Un
peu après les événements, on s’est rendu compte que l’on était quand même
nombreux à connaître des victimes. Et on avait besoin de parler. J’ai ressenti
ce besoin de devoir de mémoire vis-à-vis d’eux. Depuis, tous les 13 novembre,
je pose une fleur à l’entrée de mon établissement. »
Aimel, secouriste bénévole à la Croix-Rouge française
Aimel, secouriste bénévole durant les attentats du 13 Novembre.
Crédit photo :
Guillaume Bontemps / Ville de Paris
« Le 13 novembre 2015, j’ai
reçu un SMS de la Croix-Rouge me demandant de me rendre au plus vite sur la place
de la République. Ce message est encore dans mon
téléphone, telle une cicatrice. J’ai été mobilisée à la mairie du 11e pour m’occuper des blessés, les soutenir psychologiquement
et les recenser. Je me souviens de chaque instant, comme si c’était hier. Cette
nuit sans fin m’a liée pour toujours à Paris, moi qui me revendiquais
jusqu’alors comme lyonnaise ! J’ai renforcé mon engagement associatif depuis,
notamment en rejoignant les Volontaires de Paris. »
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