3 bonnes raisons de courir à la recyclerie Sneak’CœurZ

Sneak’CœurZ est la première association en France à avoir eu la bonne idée de collecter des baskets usagées pour les reconditionner. Après un méticuleux nettoyage et une désinfection approfondie, des chaussures de sport, presque neuves, repartent alors sur les rayons en affichant un tarif jusqu’à 60 % de moins que leur prix initial.

La boutique de la rue de Charonne (11^e) est organisée comme un magasin de baskets tendance et les chaussures y sont présentées selon différents grades de détérioration (A, B, C), connus par les habitués du reconditionné (ici, les lettres correspondent à 60, 40 ou 20 euros). L’objectif étant de favoriser le réemploi avec le dépôt d’une paire usagée, on vous remet un bon d’achat de 5 euros. Et pour conserver plus longtemps sa paire préférée, on peut faire appel au service pour la nettoyer (20 euros) ou la déjaunir (25 euros).

Créée en 2020, Sneak’CœurZ est le bébé de Mohamed et Aurélie, effarés de constater que rien n’existe pour recycler les baskets alors que, chaque année en France, 300 millions de paires partent directement au rebut. Séparer les dizaines de composants d’une chaussure demande du temps et des machines spécifiques, sans compter le coût élevé. Mais les semelles en caoutchouc et en plastique mettront des centaines d’années à se dégrader, sans parler des éléments chimiques (colles, teintures, solvants) qui pollueront les sols.

Au départ, la bonne idée du couple est de cibler les jeunes, les plus grands consommateurs de baskets, en collectant leurs sneakers directement dans leurs établissements scolaires et en leur organisant des ateliers de sensibilisation. Ils y apprennent de façon ludique à nettoyer ou à customiser leur paire préférée. Aujourd’hui, l’association met aussi en place des partenariats avec de grands groupes pour récupérer les chaussures de leurs employés.

Derrière cette idée géniale qui a permis en 2024 de réemployer 10 tonnes de baskets, ce sont 22 salariés, dont treize en insertion, qui travaillent. Trois sont dévoués à la boutique parisienne, les autres occupent l’atelier (400 mètres carrés, plus 400 mètres carrés en construction) que possède l’association à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne).

Devenue chantier d’insertion en 2022, l’association a bien l’intention de multiplier les possibilités d’emploi, au point de travailler avec l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) pour faire évoluer le métier de cordonnier. L’idée est en effet de développer une formation et une certification qui manque aujourd’hui pour le traitement et bientôt la réparation des baskets.

Les personnes en insertion chez Sneak’CœurZ seront les premières à en bénéficier. Mais le métier pourra essaimer partout en France et favoriser la création d’emplois.