Confidences du photographe Yann Arthus-Bertrand, « un optimiste pessimiste »
Interview
Mise à jour le 06/08/2025

Ses clichés iconiques font la part belle à l’expo « De Paris à Belém : 10 ans d’actions mondiales pour le climat », actuellement à l’Hôtel de Ville. Interview du photographe Yann Arthus-Bertrand au cœur d’une scénographie immersive, entre gazouillis d’oiseaux et témoignages engagés.
Dix ans après l’Accord de Paris, quel regard portez-vous sur cette exposition organisée à l’Hôtel de Ville (Paris Centre) ?
Je la trouve très pédagogique, et ce n’est pas simple
d’expliquer l’écologie ! Ici, les visiteurs peuvent calculer leur
empreinte carbone, découvrir des témoignages d’acteurs engagés, observer les
effets du réchauffement climatique sur les écosystèmes ou encore s’immerger
dans la serre végétale. Pour quelqu’un comme moi, obsédé par les chiffres et
les graphiques – c’est ce qui parle le mieux –, c’est également très complet.
Et puis, il y a aussi « un mur des penseurs », avec les portraits de
Naomi Klein, de Vandana Shiva, de Pierre Rabhi, de Philippe Descola… toutes les
grandes figures de l’écologie contemporaine.
Quand on se rend compte de l’empreinte laissée par l’activité humaine sur notre planète, on n’est plus le même.
Photographe
Cette exposition est une occasion de
saisir que le respect de l’environnement, c’est le respect de la vie. Et quand
on se rend compte de l’empreinte laissée par l’activité humaine sur notre
planète, on n’est plus le même. Si chacun repart avec une prise de conscience,
une idée, une envie de faire autrement… alors, ce sera déjà beaucoup. Et
surtout : venez en famille !
On y retrouve certains de vos plus beaux clichés. En quoi participent-ils à sensibiliser le grand public ?
La photographie aérienne permet de découvrir comment les gens
vivent, ce qu’ils mangent, comment ils se déplacent… C’est très parlant. Je ne
suis pas certain que l’on change profondément le monde grâce à des photos, que
ce soient les miennes – ou celles du collectif Argos et de Sebastião
Salgado, également présentées dans l’exposition –, mais je veux croire que
de voir les marais du Soudan menacés par les conflits, la beauté de l’Islande
aujourd’hui mise en danger par les éruptions volcaniques ou les paysages
inondés du nord du Pakistan, cela peut éveiller les consciences des visiteurs.
Yann Arthus-Bertrand, au cœur de l’Hôtel de Ville (Paris Centre), pour l’exposition « De Paris à Belém : 10 ans d’actions mondiales pour le climat ».
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Vous êtes très lucide sur la situation actuelle. Vous parlez même de déception…
J’ai commencé à m’intéresser à l’écologie à l’âge de 20 ans. À l’époque, c’était pour sauver les pandas et les rhinocéros. Aujourd’hui,
à 79 ans, je veux sauver mes petits-enfants. Quand le film Une vérité qui dérange, d’Al Gore, est
sorti en 2006, je pensais que tout allait changer. Que les gens consommeraient moins de
viande, qu’ils prendraient moins l’avion… En fait, à l’échelle globale, on
continue à vivre comme si de rien n’était. C’est compliqué de changer quand
tout notre confort et notre développement reposent sur le carbone.
Ce n’est pas aux enfants de réparer ce que notre génération a abîmé.
Photographe
Quand mon ouvrage La Terre vue du ciel est
sorti en 1999, on ne parlait presque pas du changement climatique. Aujourd’hui,
on sait. On a les rapports du GIEC
(Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les alertes
des scientifiques, des catastrophes majeures au JT tous les deux jours… Tout
s’accélère. Ce que l’on croyait prévu pour 2100 arrivera en
2050. Même si on arrêtait tout maintenant, le climat continuerait à se
réchauffer pendant vingt ans. C’est vertigineux !
Seuls les enfants ont vraiment compris les enjeux écologiques : dans les écoles que je visite, je vois que les élèves trient les déchets, fabriquent des pancartes « Sauvez la planète » et sont très impliqués. Mais attention : ce n’est pas aux enfants de réparer ce que notre génération a abîmé.
Rassurez-nous : vous ne baissez pas les bras ?
Je suis « un optimiste
pessimiste » ! Tant que je suis en vie, je continue à y croire et
j’essaie d’agir. J’ai la chance de diriger la Fondation
GoodPlanet, qui, depuis vingt ans, mène des actions de
sensibilisation aux enjeux écologiques et solidaires, et agit
concrètement pour un monde plus durable, notamment à travers la compensation
carbone solidaire, la replantation de mangroves…
Sur le terrain de 30 hectares que la Ville de Paris nous a
prêté dans le bois de Boulogne (16e), mes équipes pratiquent « le réensauvagement » :
en quatre ans, on a vu revenir 40 % d’espèces – des insectes, des plantes,
etc. – en plus. Cela donne de l’espoir.
Langue de glacier près du pic Khan Tengry, massif de Sary-Jaz, Région Ysyk-Köl, Kirghizistan.
Crédit photo :
Yann Arthus-Bertrand
Iharayn dans le Haut Atlas, région de Marrakech-Safi, Maroc.
Crédit photo :
Yann Arthus-Bertrand
L’arbre de vie, parc national de Tsavo-Est, Kenya.
Crédit photo :
Yann Arthus-Bertrand
Pêcheur sur le lac du barrage d’Imboulou, République du Congo.
Crédit photo :
Yann Arthus-Bertrand
Village dans les marais du Sudd, près de Bor, État de Jonglei, Soudan du Sud.
Crédit photo :
Yann Arthus-Bertrand
Ébène rose sur la montagne de Kaw, Guyane.
Crédit photo :
Yann Arthus-Bertrand
« De Paris à Belém : 10 ans d’actions mondiales pour le climat », l’exposition qui célèbre les 10 ans de la COP21
Salle Saint-Jean de l'Hôtel de Ville - 5 rue Lobau, Paris 3e
Du samedi 21 juin 2025 au samedi 13 décembre 2025

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