JR dévoile son installation monumentale sur le Pont-Neuf
Interview
Mise à jour le 30/11/2025
Quarante ans après « The Pont-Neuf Wrapped », de Christo et Jeanne-Claude, un projet monumental et immersif de JR se prépare du 6 au 28 juin 2026… Dans cette interview, l’artiste nous dévoile les premières infos sur sa « Caverne du Pont-Neuf » !
Vous préparez une installation artistique inédite sur le plus vieux pont de Paris. Que pouvez-vous nous révéler sur cette mystérieuse Caverne du Pont-Neuf ?
Cette caverne, c’est la continuité
d’un long projet entamé dès 2016 avec Le Secret
de la grande pyramide, au Louvre, où un collage
avait permis de révéler la pyramide « autrement » et d’en apercevoir
les dessous. Cela s’est poursuivi à la fois en Italie et en France, notamment
il y a deux ans avec la métamorphose du Palais Garnier dans Retour à la caverne, dont la façade s’est transformée en une vaste caverne
s’ouvrant sur un passage de roches et de lumière. Avec le trompe-l’œil de La Caverne du Pont-Neuf, de grandes formations rocheuses reliant
les rives droite et gauche de la Seine, je veux inviter les visiteurs à
s’approcher au plus près des failles du pont, révéler ce qui se cache sous la
surface de ce monument historique !
Christo et Jeanne-Claude ont empaqueté le Pont-Neuf il y a quarante ans. Votre œuvre est-elle un hommage direct ?
C’est à la fois un honneur
extraordinaire et un défi considérable ! Je me suis toujours senti très
proche du travail de Christo et Jeanne-Claude. On partage le même principe
d’autofinancement, sans logos, pour préserver la pureté de l’œuvre. J’ai eu la
chance de rencontrer Christo à de nombreuses reprises… J’admirais son travail.
Je n’ai pas pu voir The Pont-Neuf Wrapped – j’avais 2 ans quand il l’a empaqueté
–, mais je sais combien cette œuvre a marqué les Parisiens. Aujourd’hui, mon
geste s’en rapproche – je collabore même avec la Fondation Christo et Jeanne-Claude
pour ce projet –, même si mon interprétation est complètement différente.
Cette "Caverne du Pont-Neuf" sera la plus grande œuvre immersive au monde : sur 120 mètres de long, un véritable voyage vers l’inconnu.
Pour moi, c’est une forme
d’aboutissement : après des années à couvrir des façades partout dans le
monde, je permets au public de « rentrer » gratuitement dans l’une de
mes réalisations, puisque les visiteurs pourront traverser le pont, de jour
comme de nuit. Cette Caverne du Pont-Neuf sera la plus grande œuvre immersive
au monde : sur 120 mètres de long, un véritable voyage vers l’inconnu.
Christo et JR, en 2019.
Crédit photo :
JR-art.net
JR lors de l’inauguration de la place du Pont-Neuf-Christo-et-Jeanne-Claude, en septembre 2025.
Crédit photo :
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
« The Pont-Neuf Wrapped », l’œuvre de Christo et Jeanne-Claude, en septembre 1985.
Crédit photo :
Photographie par Wolfgang Volz. Crédit : 1985 Christo and Jeanne-Claude Foundation
Pourquoi avoir choisi précisément l’image d’une caverne ?
C’est une référence au mythe de Platon qui nous fait réfléchir sur la société et sur nous-mêmes. Le
philosophe parle de perception, d’illusion, de vérité – des thèmes totalement
contemporains. Aujourd’hui, nos « ombres », ce sont nos téléphones,
nos bulles d’algorithmes qui nous enferment chacun dans une version différente
du monde et nous polarisent. L’art, lui, ne donne pas de réponse, il soulève
des questions. Revenir à la caverne, c’est revenir aux origines du monde ainsi
qu’aux premières traces humaines, l’envie de dire « Je suis là » à
travers des « graffitis » dans les grottes. Moi qui ai commencé par
le graffiti, ça me passionne. Cette installation à Paris, c’est mon
interprétation de tout cela.
Quel rôle joue Paris dans votre parcours artistique ?
Paris, c’est le point de départ de
tout. C’est là que j’ai collé mes premières images – le projet Women Are
Heroes sur le pont Louis-Philippe et les quais de Seine
en 2009 –, que j’ai fait mes premières armes et que j’ai grandi artistiquement.
De la rue de Rivoli (Paris Centre) au Panthéon (5e), en
passant par l’esplanade de l’Hôtel de Ville (Paris Centre) ou la Bibliothèque
nationale de France (13e), j’ai collé mes œuvres un peu
partout dans la ville.
C’est à Paris que j’ai fait mes premières armes et que j’ai grandi artistiquement
Paris m’a vu évoluer. Revenir ici avec un projet d’une ampleur jamais vue, dans ma propre ville, c’est extrêmement fort. C’est une capitale où on peut rêver grand. On l’a fait avec les Jeux olympiques et paralympiques 2024, dont on parle encore partout dans le monde. Je parie que 2026 sera une année incroyablement riche culturellement pour Paris.
Qui est JR ?
Né à Paris en 1983, JR est artiste contemporain, photographe et réalisateur. Son premier projet, Portrait d’une génération (2004-2006), dénonce les clichés véhiculés par les médias à l’égard des jeunes de banlieues en affichant des portraits d’adolescents grimaçants dans les rues de Paris. Rapidement, il élargit son champ d’action et s’aventure dans des zones de conflit pour faire résonner les récits poignants de personnes ordinaires et susciter le dialogue.
À travers sa fondation Can Art Change The World?, il explore le pouvoir de l’art, de la culture et de l’éducation pour provoquer un changement social, à la fois à l’échelle mondiale et dans des communautés locales.
Pour en savoir plus
À travers sa fondation Can Art Change The World?, il explore le pouvoir de l’art, de la culture et de l’éducation pour provoquer un changement social, à la fois à l’échelle mondiale et dans des communautés locales.
Pour en savoir plus
JR et Paris en photos
« Retour à la caverne », œuvre de JR sur la façade du Palais Garnier (9e), en septembre 2023.
Crédit photo :
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
La caverne de Platon représente un lieu de connaissance et de transmission.
Crédit photo :
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
En 2024, « Inside Out », de JR, célèbre les 100 ans de la Déclaration des droits de l’enfant, sur le parvis de l’Hôtel de Ville (Paris Centre).
Crédit photo :
Joséphine Brueder / Ville de Paris
L’exposition à ciel ouvert des collages des portraits de jeunes parisiens, c’est « Inside Out », de JR, en septembre 2024.
Crédit photo :
Joséphine Brueder / Ville de Paris
En 2022, pour rendre hommage au peuple ukrainien, une immense bâche imprimée du portrait d’une fillette ukrainienne a été installée sur le parvis de l’Hôtel de Ville (Paris Centre).
Crédit photo :
Guillaume Bontemps/Ville de Paris
« Inside Out », au Panthéon (5e), en 2014.
Crédit photo :
Marc Verhille / Ville de Paris
Fresque de JR en hommage à Adama Traoré sur un mur du 10e arrondissement, en 2020.
Crédit photo :
François Grunberg / Ville de Paris
Un photomaton de 40 mètres de haut : « Inside Out », de JR, sur la Bibliothèque nationale de France (13e), en 2013.
Crédit photo :
Marc Verhille / Ville de Paris
Parmi les premiers collages de JR à Paris : les visages d’Israéliens et de Palestiniens, rue de Rivoli (Paris Centre), en 2007.
Crédit photo :
Arnaud Terrier / Ville de Paris
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