Les Arches Citoyennes, le plus grand tiers-lieu à vocation sociale de Paris
Reportage
Mise à jour le 05/06/2024
Sommaire
Pendant dix-huit mois, l’ancien siège de l’AP-HP, situé à deux pas de la Seine, est investi par « Les Arches Citoyennes ». Ce projet d’occupation temporaire compte près de 30 000 m² et 450 structures occupantes. Le plus grand tiers-lieu de la capitale préfigure jusqu’à l’été 2024 le projet pérenne appelé « Hospitalités Citoyennes ».
« Il y a écrit “Welcome ! Free Entry”, alors nous sommes entrés par curiosité. » En se baladant sur le parvis de l’Hôtel de Ville, Erik et Anna flânaient lorsqu’ils ont poussé le grand portail métallique situé de l'autre côté de l'esplanade. Originaire d’Aarhus au Danemark, et à Paris pour quinze jours de vacances, ce couple ne sait pas qu’il vient d’entrer dans le plus grand tiers-lieu de la capitale.
Siège historique de l’AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) jusqu’en septembre 2022, cet espace accueille désormais Les Arches Citoyennes. Un projet d’occupation temporaire porté par la coopérative Plateau Urbain, Base Commune, Vraiment Vraiment et Le Sens de la Ville où, selon Louise Bothé, chargée de la communication du lieu, « soin, proximité et solidarité sont les valeurs cardinales ». Il s'inscrit dans le programme « Transformer les bureaux vacants en logements », appel à projets urbains innovants lancé en 2021.
Depuis le mois de février, 450 structures, soit plus de mille artisans, artistes et acteurs de l’économie sociale et solidaire investissent progressivement les 30 000 m² de locaux répartis sur deux îlots nommés Victoria et Saint-Martin. Les prix des loyers sont très inférieurs à ceux du marché, allant de 10 à 37,50 euros le mètre carré par mois. Une volonté pour les acteurs porteurs du projet d’offrir un espace tremplin pour les associations et les petites structures.
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L’art du collectif
En arrivant au milieu de cet ensemble haussmannien, on tombe sur la cour, « un îlot de fraîcheur ». « Pour le public, tout s’articule autour de cet espace car l’accès aux étages n’est réservé qu’aux occupants », explique Louise Bothé. Au rez-de-chaussée, les visiteurs peuvent retrouver un café-buvette exploité par La Cantina, une salle polyvalente ou encore « La Centrale des Mobilités », une offre portée par RATP Solutions Ville qui regroupe des acteurs autour du vélo.
En montant dans les étages, le calme matinal s’explique par la diversité des profils présents dans ces murs. « On leur accorde une totale liberté, il n’y a aucune règle. », explique la chargée de communication. Ici, l’occupation est mixte : « Leurs vocations les rapprochent naturellement. Ça crée des synergies. » Dans son studio de création au premier étage du bâtiment Saint-Martin, Thomas Rouan, mosaïste, confirme : « On vient chacun et chacune d’horizons différents, ça rend notre communauté très intéressante à découvrir. »
Un projet d’urbanisme transitoire
Après cette période d’occupation de dix-huit mois, Les Arches Citoyennes laisseront place au projet nommé « Hospitalités Citoyennes ». Au courant de l’année 2024, débutera le chantier de ce tout nouveau projet pérenne. « Temple de la mixité », on y retrouvera notamment plus de 6 000 m² de logements sociaux pour des familles, soignants et jeunes travailleurs, une halte destinée aux femmes victimes de violences ou encore un restaurant solidaire. Le projet sera conçu dans les normes du futur plan local d’urbanisme bioclimatique de Paris.
Pour les occupants, l’horizon 2024 est synonyme d’optimisme. « L’aventure ne fait que commencer », raconte Nicolas Sykas, journaliste devenu fleuriste. C’est un rêve, avoir un local qui me permet de vendre mes créations à ma fenêtre en plein cœur de Paris, ce n’est pas évident quand on est en reconversion. Cela me permet de passer une étape de professionnalisation. »
Pour Louise Bothé, l’esprit des Arches Citoyennes « continuera à perdurer » après l’été 2024. Les anciens locaux de l’AP-HP n’auront pas mis de temps à retrouver de l’activité quotidienne. « On espère se dire après coup qu’on aura réussi à occuper efficacement les lieux, les faire vivre et servir de tremplin pour tous les occupants qu’on aura accueillis », conclut-elle.
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