Pour la semaine des fiertés, Sasha Moujaes, directrice de la Bulle, revient sur les luttes LGBTQI+ actuelles
Interview
Mise à jour le 25/06/2025

Chaque année, le mois des fiertés met en lumière les luttes LGBTQI+ passées et à venir. Un moment de fête, mais aussi un espace rare de parole face à la précarité, la discrimination et l’invisibilité. Les personnes trans, exilées, confrontées à plusieurs oppressions, sont en première ligne, surtout dans un contexte de durcissement des politiques migratoires et de montée des discours transphobes. Sasha Moujaes, directrice déléguée de la Bulle, Maison des Solidarités (Paris Centre), revient sur ces urgences.
La Bulle a été pensée comme un espace communautaire en réponse à des besoins très concrets. Lesquels ?
Sasha Moujaes : La Bulle, c’est 520 m² mis à disposition de sept associations qui agissent auprès de publics très fragiles, notamment les personnes trans et/ou exilées. L’idée, c’était de permettre à ces associations de bénéficier d’un lieu stable, mutualisé, avec des ressources et du matériel, pour se concentrer sur leur mission.
Mais ce n’est pas juste un espace fonctionnel. C’est un lieu pensé par et pour les personnes concernées. Un lieu où on peut accompagner des parcours de demande d’asile, ouvrir des droits sociaux, recréer un lien au soin, à la dignité, à la convivialité. C’est aussi un espace de transmission entre associations, de circulation des bonnes pratiques, d’émancipation collective.
Le mois des fiertés est-il encore un moment fort de mobilisation pour vos communautés ?
Oui, bien sûr. C’est un mois très visible, précédé par la journée mondiale du 17 mai contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Il permet de mettre en lumière nos luttes, nos actions, les réalités des personnes de ces communautés. Cette visibilité est précieuse, car elle nous offre un espace de parole que nous avons peu le reste de l’année.
Pour les personnes trans ou exilées de notre communauté, déjà fragilisées par les parcours de vie, cette hostilité est décuplée.
directrice déléguée de la Bulle, Maison des Solidarités
Mais elle a un revers : elle nous expose davantage aux violences, aux propos haineux, aux intimidations, en particulier de la part de mouvements réactionnaires, dont l'inter-LGBT paie
cette année le prix fort. On le voit dans les médias, dans les discours politiques : nos droits à exister, à vivre dignement, à accéder aux soins, au logement, sont sans cesse remis en question. Pour les personnes trans ou exilées de notre communauté, déjà fragilisées par les parcours de vie, cette hostilité est décuplée.
25e Semaine des Fiertés
25 ans d'existence, 25 ans de résistance. La Semaine des Fiertés, c’est 7 jours de fêtes, de culture et de performances LGBTQI+ en plein cœur de Paris. Concerts, shows, cinéma, sport… Le programme est à découvrir ici !
Quels sont aujourd’hui les principaux défis auxquels font face les personnes LGBTQI+ ?
Partout en Europe, on observe une remise en cause inquiétante des droits des personnes LGBTQI+ : dans plusieurs chancelleries européennes et américaines, l’extrême droite gagne du terrain, imposant des politiques toujours plus conservatrices, restrictives et discriminantes. Les droits obtenus de longue date sont fragilisés, quand ils ne sont pas purement et simplement remis en question.
Cette régression touche particulièrement les personnes trans et exilées, qui cumulent plusieurs formes de violences et de précarité. Les politiques migratoires se durcissent, rendant la vie des personnes exilées toujours plus incertaine, y compris pour celles qui demandent l’asile en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
Les personnes trans sont à ce titre particulièrement exposées aujourd'hui…
Oui, les personnes trans sont devenues une cible privilégiée de la rhétorique réactionnaire, récemment concrétisée au
Royaume-Uni par l’interdiction des bloqueurs de puberté pour les mineurs
trans. Un recul qui pourrait bien s’étendre à la France. Même certains droits formellement acquis, comme l’accès à la PMA, restent inaccessibles à une partie de notre communauté, en particulier aux hommes trans.
Dans ce contexte, toutes les personnes accompagnées par La Bulle, exilées et/ou trans, cumulent de nombreuses vulnérabilités : barrières linguistiques, méconnaissance des dispositifs, ruptures dans l’accès aux soins et discriminations systémiques. Alors les associations jouent un rôle vital pour les accompagner, mais sont fragilisées par des coupes budgétaires croissantes. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est une approche globale et bienveillante, qui reconnaisse la diversité des parcours de vie, ne cherche pas à enfermer les personnes dans une norme, mais permette de construire une société réellement inclusive, solidaire et juste.
Paris, capitale des droits
La Ville de Paris a toujours porté un idéal de tolérance et de liberté. Afin de lutter contre toute forme de discrimination LGBTQIA+phobes, la capitale s'engage à poursuivre son travail de prévention, ainsi qu’à accompagner et valoriser la vie associative et militante du milieu LGBTQIA+ parisien. Plus d'infos
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