À Paris, l’eau du robinet peut se boire sans risque !

Actualité

Mise à jour le 19/06/2025

L’eau du robinet peut être consommée en toute confiance
Les polluants éternels, connus sous le sigle PFAS, ont conduit l’Assemblée nationale à adopter un texte visant à limiter l’utilisation de divers produits à l’origine de ces PFAS, en février 2025. Quelles sont ces substances et quel impact ont-elles sur la qualité de l’eau à Paris ? Corinne Lecler-Feliers, directrice de la recherche et du développement et de la qualité de l’eau, et du laboratoire d’Eau de Paris, nous explique.

Boire de l’eau du robinet, c’est au moins aussi sûr que de boire une eau embouteillée.

Corinne Lecler-Feliers
directrice de la recherche et développement et de la qualité de l’eau chez Eau de paris

Les PFAS, c’est quoi ?

Les PFAS sont une famille de composés chimiques aux propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes à la chaleur. Utilisés depuis les années 1950 dans de nombreux produits du quotidien (textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, mousses anti-incendie, etc.), ils sont extrêmement persistants dans l’environnement en raison de leur structure chimique très stable, d’où leur appellation « polluants éternels ».
Même les PFAS les plus réglementés, comme le PFOS et le PFOA, restent détectables dans la nature des années après leur interdiction. De plus, leur dégradation entraîne la formation de nouvelles substances, plus courtes, plus petites, mais tout aussi préoccupantes pour la santé et l’environnement.
Rencontre sur les PFAS dans l’eau : comprendre, agir, protéger
Académie du climat - 2 place Baudoyer, Paris 4e
Du mardi 24 juin 2025

L’eau de Paris est la plus surveillée de France

Il faut savoir que l’eau potable de Paris est une eau extrêmement surveillée. Le programme de surveillance des autorités sanitaires et le programme d’autosurveillance qu’Eau de Paris réalise sur ses installations dressent le même constat : l’eau distribuée à Paris est parfaitement conforme aux exigences de qualité. Par conséquent, elle peut être bue en toute sécurité.
« Dans notre programme d’autosurveillance, nous faisons plus de 400 000 analyses par an pour nous assurer de la qualité de l’eau que nous distribuons. On dit même qu’une eau, quand elle arrive au robinet d’un consommateur, a pu être contrôlée à dix endroits de la chaîne de production entre la ressource, nos usines et les points de distribution.
L’eau distribuée à Paris est bien plus contrôlée que les eaux embouteillées. Et avec les bouteilles en plastique, il y a toujours un questionnement sur le relargage depuis les matériaux plastiques, ce qui n’est pas une problématique que l’on rencontre dans l’eau du robinet. À cela, s’ajoute le sujet des déchets plastiques. C’est certain : l’eau du robinet est sûre pour la santé et meilleure pour l’environnement !
La carte Eau de Paris
Il existe une carte sur Eau de Paris où chaque Parisien peut regarder le résultat des derniers prélèvements réalisés par l’autorité sanitaire, l’Agence Régionale de Santé. Chaque Parisien peut télécharger le bulletin de prélèvement lié à son adresse avec une conclusion sanitaire.

La moitié de l’eau potable de Paris est apportée par les eaux superficielles

Schématiquement, la moitié de l’eau potable délivrée dans la capitale provient des eaux superficielles, aussi appelées « eaux de surface » : la Seine pour l’usine d’Orly, et la Marne pour l’usine de Joinville. L’autre moitié de l’eau consommée à Paris provient de sources très éloignées, certaines en Normandie, d’autres en Bourgogne et en Seine-et-Marne ; elle est ensuite acheminée gravitairement pour terminer sa course dans les usines de potabilisation aux portes de Paris, à Saint-Cloud et l’Haÿ-les-Roses.
Eau de Paris s’appuie sur un réseau impressionnant de 470 kilomètres d’aqueducs pour transporter l’eau depuis les points de captage jusqu’aux usines de traitement, avant de la distribuer aux Parisiennes et Parisiens. Un patrimoine technique et historique exceptionnel, constitué notamment des aqueducs de la Vanne et du Loing, en Seine-et-Marne, et de celui de l’Avre, en Eure-et-Loir. Construits entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, ces ouvrages font l’objet d’un entretien rigoureux et régulier.

Des PFAS dans l’eau potable : faut-il s’inquiéter ?

Cette attention renouvelée sur les PFAS s’inscrit dans un contexte législatif et médiatique fort, visant à protéger la population des risques liés à ces substances. Dans le même temps, l’association Générations Futures publiait les résultats de son enquête sur les rejets de PFAS par les installations classées pour la protection de l’environnement en France.
La directrice de la recherche et développement et de la qualité de l’eau tient à rassurer les Parisiens : « L’équipe est en veille permanente sur ce qui se passe ailleurs en France, ce qui peut se passer dans le monde, sur les ventes et l’utilisation de produits, sur la façon dont ils évoluent dans l’environnement. Nous sommes en veille sur des micropolluants plus ou moins originaux, plus ou moins présents et surtout plus ou moins à risque. Nous développons des méthodes analytiques pour rechercher ces micropolluants et surtout, pour s’assurer que nous n’en avons pas dans nos eaux et que, si nous détectons des traces dans nos ressources, nos filières les retiennent efficacement. »
En 2023, dans le cadre de l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation sur l’eau potable, Eau de Paris a réactivé les analyses initiées dans le cadre de sa politique R&D sur les PFAS. Si des microtraces de PFAS sont parfois retrouvées, c’est à des concentrations très inférieures aux exigences de qualité réglementaires et qui ne sont absolument pas dangereuses pour les Parisiens.

Le TFA, dans le viseur du ministère de la Santé

Mais alors, pourquoi cet emballement médiatique ? Le responsable est un tout petit PFAS, nommé TFA. L’amélioration de la recherche et des techniques d’analyse permet aujourd’hui de détecter des traces infimes de ce TFA. Néanmoins, les études sanitaires sont insuffisantes, et il n’existe actuellement pas de règle sur une limite de qualité qu’il faudrait lui appliquer. Les autorités sanitaires européennes ont donc été saisies pour examiner le sujet.
S’il n’existe aucune réglementation, le ministère de la Santé a tout de même émis une recommandation basée sur de récents travaux allemands, qui dit que la valeur à respecter est de 60 microgrammes par litre et qu’il faut être le plus bas possible, en visant 10 microgrammes par litre.
« C’est une molécule que nous sommes capables d’analyser depuis environ un an. Les valeurs retrouvées dans l’eau distribuée à Paris sont en moyenne à 2,09 microgrammes par litre et au max à 3,7. Or ces valeurs sont 3 à 5 fois en dessous de la valeur cible fixée par le ministère de la Santé et 40 fois en dessous de la recommandation. C’est plutôt rassurant ! »
Eau de Paris attaque les pollueurs des PFAS
Eau de Paris a déposé une plainte contre X pour engager la responsabilité des industriels à l’origine de la pollution aux PFAS, ces « polluants éternels » détectés dans les eaux brutes de nombreuses communes, dont Paris. Soutenue par la maire Anne Hidalgo, cette action vise à appliquer le principe du « pollueur-payeur » et à éviter que les usagers ne supportent seuls les coûts de dépollution, estimés à 2 millions d’euros pour 2024. Bien que l’eau parisienne reste conforme aux normes sanitaires, la Ville réclame des mesures fortes de l’État et de l’Union européenne pour interdire ces substances et prévenir leur dissémination. Éviter la pollution des ressources reste la meilleure solution !
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