Le break, un déclic pour les collégiens

Reportage

Mise à jour le 23/06/2025

les collégiens s'entrainent à une séance de break dance
Au collège Georges-Rouault, les jeunes breakers peaufinent leurs figures depuis des mois dans le cadre du programme Émancipation par le break. Bien plus qu’une danse : un appui pour gagner en confiance et retrouver le chemin du collège.
Grosse sono, encouragements et ambiance survoltée dans la salle de sport du collège Georges-Rouault (19e). Les « Rouault Break Tigers » enchaînent les figures au sol. Quatre collégiens, deux filles et deux garçons, répètent sous le regard de leur formateur en breakdance. Dans le cadre du programme Émancipation par le break, les élèves se préparent à présenter leur création chorégraphique sur la scène du Théâtre de la Concorde (8e), à l’occasion du concours d’éloquence Eloquentia.
« Travaille ton entrée en slide, entraîne-toi sur la choré. Et toi, répète les freeze », lance Arnaud Deprez, leur coach, pendant que la musique démarre. Sweat-shirts noirs floqués du logo du groupe, les « Rouault Break Tigers » enchaînent les figures, concentrés sur leurs gestes. Et si l’atmosphère est détendue, chacun s’applique.

Danser pour ne pas décrocher

Il faut dire que, derrière les mouvements acrobatiques et la musique, un vrai enjeu : raccrocher les jeunes au collège. Le programme permet aux élèves de découvrir gratuitement le break pendant toute l’année. « C’est une discipline exigeante, qui demande de la persévérance. Ils apprennent aussi à se dépasser, à monter sur scène, à montrer ce qu’ils savent faire et à croire en eux », explique Fanny Wahlen Rouet, adjointe éducative.

Ici, chacun trouve sa place. Plus tu es différent, plus tu es fort.

Arnaud Deprez
coach de breakdance
Cette année, plusieurs élèves en difficulté scolaire ont rejoint le projet. « Le break, c’est l’entraide, le collectif. Des liens se créent entre eux », souligne-t-elle. Le break, c’est aussi une école de la différence. « Peu importe ton genre, ta couleur de peau, ton parcours ou ton style vestimentaire. Ici, chacun trouve sa place. Plus tu es différent, plus tu es fort », insiste Arnaud Deprez.
L’an dernier, les élèves ont travaillé des chorégraphies millimétrées. Cette année, place à la création individuelle. « Je leur donne des bases, après, ils inventent. Chacun crée ses propres enchaînements, son propre style. »

Des horizons qui s’ouvrent

Au-delà de la danse et du sport, le break ouvre de nouveaux horizons aux jeunes. « Un adolescent en décrochage est venu me voir pour me dire qu’il voulait devenir styliste, raconte Fanny Wahlen Rouet. Nous avons obtenu un financement pour acheter les tenues – sweat-shirts, pantalons, casquettes… – et il a créé le logo du groupe avec un autre élève, Isaac. Une fois l’identité visuelle trouvée, cela a vraiment soudé le groupe. »
Isaac, en classe de 3e, conjugue sa passion pour la musique, la danse et le stylisme. « J’ai travaillé sur des logiciels pour créer le visuel du logo, un tigre, et la calligraphie », explique-t-il.

On invente des enchaînements et on les applique pendant les battles. C’est comme écrire une rédaction avec le corps.

Isaac
collégien en classe de 3e
L’improvisation, pilier du break, le passionne également. « On découvre la musique pendant les compétitions. On invente des enchaînements et on les applique pendant les battles. C’est comme écrire une rédaction avec le corps », sourit-il, avant de s’entraîner au baby freeze, une figure de break qui fige le corps dans un arrêt spectaculaire.
Une collégienne réalise une figure de break au sol appuyée sur ses bras
Pour Arnaud Deprez, le break permet de rapprocher des jeunes de l’école : « Le hip-hop, ça leur parle. Ici, ils viennent pour danser, mais ils viennent aussi parce qu’ils se sentent bien. C’est un espace où ils rigolent, où ils se dépassent et ils apprennent. »
Parmi les élèves, Estelle, en 5e, a un rêve : intégrer la section hip-hop du lycée Turgot (Paris Centre), une formation d’excellence unique en France. Pour y arriver, elle s’accroche à l’école autant qu’à ses entraînements de danse. « Le break m’aide à me canaliser et me donne confiance. J’aime montrer aux gens que l’on peut réussir des figures impressionnantes. » Et en attendant le grand saut sous les projecteurs, elle continue de s’entraîner, tous les jours, mains et pieds au plancher !
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