Il était une fois le Bal Blomet (en podcast)

Série

Mise à jour le 05/08/2025

Concert jazz au Bal Blomet.
Au cœur du 15e arrondissement se cache un lieu chargé d’histoire et d’énergie créative : le Bal Blomet. Symbole des Années folles, ce cabaret a vu défiler artistes, intellectuels et rêveurs, tous attirés par l’ambiance électrique de la biguine. Découvrez le mythe de ce lieu dans le cadre de notre série de podcasts « Paris en fête » !
L’histoire commence au lendemain de la Grande Guerre, dans une ancienne grange du XVIIIe siècle, transformée en commerce de vins. C’est là que Jean Rézard des Wouves, un candidat martiniquais à la députation, installe en 1924 son quartier général de campagne électorale.
Pour divertir son maigre auditoire, il termine ses meetings au piano, jouant les rythmes sensuels de la biguine, une musique des Antilles peu connue à Paris à l’époque. Les réunions politiques se métamorphosent alors en véritables soirées dansantes. Situé non loin des ateliers d’artistes de Montparnasse et des logements d’ouvriers d’usines automobiles, le lieu attire rapidement une population variée et curieuse.

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Le rendez-vous nocturne des artistes et des intellectuels

Avec l’aval du propriétaire Alexandre Jouve, le lieu devient un bal régulier, surnommé « le Bal nègre ». On y danse collé-serré, au son chaloupé de la clarinette. Le punch coule à flots, et le balcon en bois qui surplombe la salle confère à l’endroit un charme particulier.
À une époque où Paris s’enivre des cultures exotiques et des nouvelles avant-gardes (surréalisme, dadaïsme, jazz), le Bal Blomet devient un haut lieu de liberté, de mélange et de création. La biguine, que l’éruption de la montagne Pelée avait presque fait disparaître en emportant la ville de Saint-Pierre (Martinique), renaît alors ici, presque de ses cendres.

Un véritable bal nègre où tout est nègre, les musiciens comme les danseurs : et où l’on peut passer, le samedi et le dimanche, une soirée très loin de l’atmosphère parisienne parmi les pétulantes Martiniquaises et les rêveuses Guadeloupéennes.

Robert Desnos
poète, dans la revue « Comœdia »
La faune artistique de Montparnasse y trouve un repaire. Joan Miró, Francis Picabia, Kiki de Montparnasse, Mistinguett… On s’encanaille, souvent jusqu’au petit matin. L’ambiance est électrisante, sans ségrégation réelle, ni sociale, ni raciale. Une atmosphère de fête libre, dense, enfumée, où la danse unit toutes les classes.

Une soirée mythique : la fête Ubu de 1929

Parmi les moments les plus fous, il y en a un qui reste gravé dans les mémoires : la fête Ubu, au printemps 1929, organisée par Madeleine Anspach, dite Mado, l’une des figures des nuits parisiennes. En hommage à Alfred Jarry, la soirée dégénère dans une ambiance surréaliste : Youki déguisée en reine, Kiki de Montparnasse déchaînée, le peintre Léonard Foujita travesti en fille… On y consomme tout : pâtisseries, vin, corps. Le bal devient un théâtre d’excès, une célébration orgiaque et ubuesque !
Vidéo Youtube

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Déclin, silence… puis renaissance

Dans les années 1930, en France et dans le monde, c’est la crise. Malgré la reprise du bal par le violoniste et clarinettiste Ernest Léardée, figure emblématique de la musique antillaise, le lieu périclite. Interdit par l’occupant nazi durant la Seconde Guerre mondiale, le bal rouvre ses portes, mais sans retrouver son éclat. Il devient un simple café, puis le club de jazz « Saint-Louis Blues », avant de fermer en 2006.
Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. En 2011, Guillaume Cornut, le nouveau propriétaire, entreprend une restauration ambitieuse avec pour objectif de ressusciter l’esprit du Bal Blomet. Après six ans de travaux, le nouveau bal est inauguré. Sa salle de spectacle rénovée, son ambiance, entre speakeasy new-yorkais et cabaret des années 1920, et sa programmation attirent toujours le public.
Le Bal Blomet est une légende vivante : c’est le plus ancien club de jazz d’Europe encore en activité et qui continue à faire danser Paris !

Écoutez les autres podcasts de la série « Paris en fête », dédiée aux nuits artistiques parisiennes !

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