La Sourcière, l’utile retour aux ressources

Reportage

Mise à jour le 23/04/2025

Une dame ouvre la porte de la Sourcière
Créer de l’emploi, valoriser les ressources et donner le sourire aux habitants du quartier ! Telles sont les missions – remplies de succès – de la Sourcière, la petite ressourcerie de l’association La Compagnie du 20e. On vous emmène visiter ce lieu atypique, installé dans le quartier Fougères-Le Vau depuis 2023.
« Je m’équipe à 90 % dans les boutiques de seconde main ! » Margrith, qui travaille à l’Armée du Salut, juste en face, a fait de la Sourcière, la petite ressourcerie de la rue des Frères-Flavien (20e), son adresse de prédilection. Avec son charmant accent suisse, elle glisse un précieux conseil : « Le magasin n’est pas très grand, mais on y trouve toujours quelque chose. Car ils font du réassort tout le temps ! »
Un achalandage rendu possible par les dons, comme ceux de Marie-Christine, qui arrive justement avec un caddie rempli de sacs de vêtements, bien rangés et étiquetés : « bébé bon état », « femme taille 44 », « homme état correct »… Cette habitante des Lilas est venue en voisine. « J’aime l’idée que les choses puissent resservir. Et cela donne du boulot à des gens, c’est ce qui me plaît ! »

Objectif zéro chômeur

La Sourcière est l’une des structures de La Compagnie du 20e. Portée par la mairie du 20e et la Ville de Paris, cette association créée en 2023 déploie, avec les habitants de l’arrondissement, des activités autour de trois pôles : le développement économique via La Maison du 20e, la cohésion sociale avec un tiers-lieu qui ouvrira très bientôt et la transition écologique avec la Sourcière.
Cette dernière est implantée au cœur du quartier Fougères-Le Vau. Il est le quatrième territoire parisien à avoir été habilité « Territoire zéro chômeur de longue durée ». Son périmètre est compris entre la porte de Bagnolet et la porte des Lilas, dans la bande qui s’étend du boulevard des Maréchaux à la limite de la capitale.
Si le territoire semble petit, il comprend tout de même 10 000 habitants. Objectif affiché ici : atteindre zéro chômeur d’ici cinq ans ! Aujourd’hui, La Compagnie du 20e emploie 52 personnes en CDI et à temps choisi, dont 60 % de femmes et 31 % de personnes en situation de handicap. Elle prévoit d’embaucher une vingtaine de personnes supplémentaires, cette année.

Une ambiance à nulle autre pareille

En plein tri de vêtements, Céline et Johanne, nouvellement embauchées, sont enthousiastes : « Ce projet est génial ! J’étais au chômage et on m’a dit : "Viens ! On va voir ce que l’on peut faire." Et on a commencé à imaginer ensemble différents lieux, selon les besoins de ceux qui vivent ici. Je n’en suis pas revenue ! » raconte Johanne. Même plaisir pour Céline, qui apprécie d’avoir la possibilité de varier ses missions. Elle peut être présente une après-midi à la Sourcière ou aller à la Maison du 20e. « C’est comme un Kinder Surprise quand j’ouvre le planning ! En plus, il y a une super ambiance ! On se sent à l’aise et on est très vite accepté. »
Les deux jeunes femmes s’affairent, en plaisantant, à la recherche de pépites qu’elles s’empressent de mettre sur des cintres pour la vente, tandis que dans la pièce d’à côté, Zohra donne un cours de réparation couture. Car le lieu se veut polyvalent et propose aussi événements, ateliers et animations.
Pourquoi la Sourcière ?
Sourcier.e : personne habile à détecter les sources cachées ainsi que les trésors enfouis, généralement à l’aide d’une baguette en coudrier ou d’un pendule…

20 tonnes de produits recyclées

En matière de résultats et de transition écologique, le pari est tenu ! En une année, ce sont 20 tonnes de produits qui ont été recyclées : 14,8 tonnes ont été valorisées dans le magasin et le reste envoyé dans des structures tierces. La vraie performance étant d’avoir pu valoriser 72 % des textiles donnés.
Mais, ici, on ne déniche pas que des vêtements ! Garance, 10 ans, a trouvé la gourde qu’elle a « toujours voulue, car elle ne peut pas fuir ». Laurent passe régulièrement une tête, en quête de vinyles, car « il y a ici parfois quelques collectors ». Fabienne a quant à elle repéré des coupes de champagne « parce qu’on n’en a jamais assez ! », plaisante-t-elle ! Sans oublier Joséphine, qui repart avec des bijoux et une petite lampe vintage, dont Roland s’assure qu’elle fonctionne.

Créer du lien

Portrait de Roland
Roland, ici, c’est un peu le « boss », même s’il n’aime pas qu’on l’appelle ainsi. Car il travaille avec tout le monde, et notamment avec Gabriel, présent avec lui trois jours par semaine pour accueillir, trier et tenir la caisse. Roland est né et a toujours vécu dans l’immeuble juste à côté. Alors, s’impliquer ici et même y trouver un emploi a été une vraie aubaine ! Avec ce lieu, il s’est mis à rêver de recréer l’ambiance qu’il a connue enfant : « Ici, les anciens descendaient des chaises, des tables et on s’installait dans la rue. On jouait, on papotait, c’était l’esprit village. »
Il aimerait bien pouvoir servir un petit café ou un thé. « On sent bien que les gens viennent pour se détendre, discuter et créer du lien. » Il raconte l’histoire de ces deux dames qui se croisaient sans se parler dans la rue et qui, en se retrouvant ici, se sont mises à organiser des sorties ensemble.
Au-delà de la revalorisation des objets qui, sans elles, seraient jetés, de l’emploi qu’elles permettent de donner à des personnes qui en étaient éloignées, pour Roland, les ressourceries sont un peu les nouveaux cafés. En tout cas, elles ressemblent à de nouveaux lieux du vivre-ensemble, sans distinctions sociales ou culturelles. Des espaces de rencontres humaines, simplement.
Infos pratiques
La Sourcière de La Compagnie du 20e
43, rue des Frères-Flavien (20e)
Du mardi au jeudi, et un samedi sur deux, de 13 h à 18 h 30