Le canal Saint-Martin fête ses 200 ans !
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 10/09/2025

Sommaire
Pensé par Napoléon pour alimenter Paris en eau potable, ce ruban d’eau emblématique de Paris rive droite a traversé les époques. De la tentative d’enterrement sous une autoroute dans les années 1960 aux milliers de choristes réunis chaque été pour le festival « Voix sur Berges », son histoire fourmille d’anecdotes étonnantes qui témoignent de son rôle singulier dans la vie parisienne.
Une idée signée Napoléon… contre la soif et les microbes
Au début du
XIXᵉ siècle, Paris a un gros problème : ses habitants boivent une eau douteuse,
puisée dans une Seine et une Bièvre trop polluées. Résultat ? Dysenterie,
choléra et autres joyeusetés circulent allègrement. Pour éviter la catastrophe
sanitaire, Napoléon
Bonaparte, alors Premier consul, décide en 1802 de faire
revenir dans les cartons un vieux projet : canaliser l’eau de l’Ourcq, à plus
de 100 km au nord-est de Paris. Le plan devient officiel avec la loi du 19 mai
1802.
Mais entre les guerres napoléoniennes et le manque d'argent, les
travaux traînent… jusqu’à ce que Louis XVIII relance le chantier. La première pierre est posée le 3 mai 1822,
et, trois ans plus tard, Charles X inaugure le canal Saint-Martin, le 4 novembre 1825. Paris a enfin son ruban d’eau potable !
Quand Pompidou voulait transformer le canal en autoroute…
Dans les
années 1960, en plein essor de la voiture, le canal Saint-Martin a failli
connaître une fin digne d’un mauvais film dystopique : être bitumé pour laisser
place à une autoroute à 6 ou 8 voies reliant la porte d’Aubervilliers à la
porte d’Italie ! Un rêve de pilote, soutenu par Georges Pompidou via le plan
autoroutier pour Paris, concocté pour fluidifier le trafic et moderniser la
ville… au prix de 2 650 expropriations, le tout pour environ 980 millions de
francs de l’époque.
Heureusement,
cette autoroute cauchemardesque a heurté le mur du bon sens : face aux
protestations massives des riverains, le projet est abandonné en 1971 par le
Conseil de Paris.
Quand le canal joue les vide-greniers (et pas que)
Tous les 10
à 15 ans, le canal Saint-Martin passe en mode « régime sec » pour un grand
nettoyage : on retire l’eau (jusqu’à 90 000 m³), on pêche soigneusement
les poissons, puis on remonte des trésors… ou plutôt des trésors urbains
étranges qui témoignent des petites lâchetés citoyennes.
Lors de la
vidange de 2016 (la dernière en date), les équipes ont récolté un véritable
inventaire : 300 tonnes de déchets ont été remontées, dont des vélos, des chariots, des baignoires, des téléviseurs, des trottinettes, des scooters, des WC, un drone, des coffres-forts vidés… et des
armes ! Un pistolet a ainsi été trouvé au tout début du chantier.
D’autres
vidanges passées, comme celles de 1993, 2001–2002 ou 1929, ont déjà permis
d’exhumer des objets insolites : obus de la Première Guerre
mondiale, fauteuils roulants, transistors, ainsi que des portefeuilles et des bijoux.
Quand le canal se met à chanter
Chaque
année, le canal Saint-Martin se transforme en karaoké géant… mais sans paroles
projetées. C’est le festival Voix sur Berges : plus de 6 500 chanteurs, répartis dans près de 200 chorales, se rassemblent pour faire
résonner les quais. Et il y en a pour tous les goûts : du classique
à la soul, en passant par le rock, le jazz ou même les musiques du monde.
Installées
tout le long du canal, les chorales chantent à ciel ouvert, dans une ambiance
bon enfant. Depuis trente ans, c’est devenu le plus grand rassemblement choral de
France, un peu comme si le canal lui-même avait décidé de pousser la
chansonnette.
Des passerelles qui rendent hommage aux grandes dames du spectacle
Pour ses 200
ans, le canal s’est offert un cadeau d’anniversaire chic et engagé : ses neuf
passerelles emblématiques prennent en 2025 les noms de neuf grandes
comédiennes françaises et internationales. Arletty, Michèle Morgan, Maria
Casarès, Emmanuelle Riva, Bernadette Lafont, Maria Pacôme, Hélène Duc, Maria
Schneider et Jane Birkin… autant de figures du théâtre et du cinéma qui ont
marqué la culture populaire et, parfois, directement le canal lui-même (on
pense forcément à la réplique culte d’Arletty dans Hôtel du Nord).
Désormais,
traverser le canal Saint-Martin, c’est aussi marcher dans les pas de ces
actrices, résistantes ou chanteuses, dont les histoires résonnent avec celles
de Paris. Un joli clin d’œil qui transforme une simple balade en voyage à
travers l’histoire culturelle française.
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