Les trésors restaurés de l'église Saint-Sulpice
Reportage
Mise à jour le 12/06/2025

Sommaire
Depuis quelques années, les restaurations se multiplient dans cette magnifique église du 6e arrondissement.
Après la chapelle de la Vierge achevée en 2024, ce sont les chapelles Sainte-Geneviève et Saint-Martin qui viennent d'être restaurées grâce au Budget participatif. Une mise aux normes électriques permet également un nouvel éclairage sur mesure du lieu.
Deux chapelles intégralement restaurées en 2025
Chapelle Sainte-Geneviève de Saint-Sulpice.
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Crédits photo Jean-Marc Moser / Ville de Paris
Chapelle Sainte-Geneviève à Saint-Sulpice.
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Crédits photos : Jean-Marc Moser / Ville de Paris
Détail de la chapelle Sainte-Geneviève à l'église Saint-Sulpice.
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Crédits photo : Jean-Marc Moser / Ville de Paris
Les beaux décors peints par Louis
Charles Timbal (1821-1880) au sein de la chapelle Sainte-Geneviève présentaient
d’importantes dégradations provoquées par d’anciennes infiltrations d’eau. Elles
prenaient la forme d’efflorescences salines cristallisées, de soulèvements de
couche picturale, de pertes de matière, et de desquamation de la pierre. Par
ailleurs, les décors étaient très encrassés.
La restauration a
permis de refixer une couche picturale avant de réaliser un décrassage et un
traitement de la surface. Celui-ci a impliqué une réflexion sur les repeints et
des interventions de reconstitution et réintégration dans les zones les plus
altérées. A l'instar de la chapelle Saint-Martin, l’ensemble des grilles, du mobilier sculpté ou en bronze doré
a également été nettoyé. Une belle restauration à admirer dès que vous pourrez !
Chapelle Saint-Martin de l'église Saint-Sulpice.
Credit
Crédits photos : Jean-Marc Moser / Ville de Paris
Chapelle Saint-Martin de l'église Saint-Sulpice.
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Crédits photo : Jean-Marc Moser / Ville de Paris
Chapelle Saint-Martin de l'église Saint-Sulpice.
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Crédits photo : Jean-Marc Moser / Ville de Paris
Le décor dédié à saint Martin
a été commandé par Victor Baltard, architecte de la ville de Paris, à Victor
Mottez (1809-1897), en 1859. Celui-ci représente la Charité de Saint-Martin
à l’est et, à l’ouest, Saint Martin ressuscitant
le néophyte de Ligugé. Mottez, qui soumet ses esquisses à son maître
Jean-Auguste-Dominique Ingres pour recueillir ses conseils, y travaillera
jusqu’en octobre 1865.
La technique utilisée est celle, particulièrement
complexe à mettre en œuvre, de la fresque, qu’il
pratique également à Saint-Germain-l’Auxerrois (Paris Centre) et à Saint-Séverin (5e) notamment. Les zones de la chapelle
ayant souffert d’infiltration voyaient leur décor se soulever, s’écailler ou
exploser sous l’action des sels. Plus spécifiquement, la
couche picturale des deux scènes de la vie de saint Martin témoignait de pulvérulence des sous-couches à fresque,
ce qui a vraisemblablement compromis dès l’origine la conservation des
compositions achevées .
Les couleurs, particulièrement mates, étaient
ternes et assombries ; les lacunes nuisaient à la lisibilité des compositions
et l’ensemble était taché de coulures, de repeints désaccordés et maladroits
voire informes. Après un décrassage,
dont les modalités ont varié en fonction des altérations, le décor écaillé a
été refixé et le traitement esthétique ajusté en fonction des réintégrations et
du parti adopté sur les matités et les brillances.
Des travaux de mise aux normes électriques nécessaires
Passage d’un câble dans le décor d’une chapelle à l'église Saint-Sulpice.
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Crédits photo : Agence Lacoste et Thieulin
Travaux de mise aux normes électriques à l'église Saint-Sulpice.
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Crédits : agence Lacoste et Thieulin
Vestiges des anciens systèmes électriques de l'église Saint-Sulpice présentés sous la forme d'une exposition.
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Crédits photo : Leif Peguillan / Ville de Paris
Mise en sécurité des combles de l'église Saint-Sulpice et travaux d'électricité.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Vue depuis les combles de l'église Saint-Sulpice (6e).
Credit
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Vue depuis les combles de l'église Saint-Sulpice (6e).
Credit
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Aussi
invisibles qu'indispensables, les travaux de mise en sécurité et d'électricité se
sont déroulés pendant trois ans sans interruption de l’activité au sein de l'église.
Une
première étape s’est déroulée à l’été 2022 avec l’installation de lignes de vie
par des cordistes de Savoie et avec la réfection d’un chemin de circulation
technique dans les combles par des charpentiers d’Île-de-France.
Une
deuxième étape de travaux s’est déroulée de l’automne 2023 à l’hiver 2025 avec
la réalisation d’une nouvelle installation électriques des deux sous-sols au
onze niveaux supérieurs.
C'est
désormais près de 45 kilomètres de câbles qui circulent au sein des 9 000 mètres carrés de
l’église, alimentant 27 tableaux électriques et 1 100 équipements terminaux.
Électriciens,
mais aussi maçons, menuisiers, serruriers, restaurateurs en décors se sont
alliés pour dissimuler au mieux ces installations techniques.
Aujourd'hui,
le passage des réseaux dans les chapelles est imperceptible. Allez jeter un œil
par exemple à la chapelle des Saints-Anges sous les peintures de
Delacroix ! Vous n'y verrez plus de câbles, preuve du savoir-faire des
entreprises et artisans.
Le transept sud à nouveau accessible
Restauration du vitrail au-dessus du transept sud de l'église Saint-Sulpice (6e).
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Restauration du vitrail au-dessus du transept sud de l'église Saint-Sulpice (6e).
Credit
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Restauration du transept sud de l'église Saint-Sulpice (6e).
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Restauration du vitrail au-dessus du transept sud de l'église Saint-Sulpice (6e).
Credit
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Restauration du vitrail au-dessus du transept sud de l'église Saint-Sulpice (6e).
Credit
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
En mars 2019, un incendie se déclare au niveau du transept sud. Peu s'en souviennent, car un autre incendie a marqué le printemps 2019, celui de Notre-Dame de Paris.
À Saint-Sulpice, le feu se propage rapidement, aidé par l'aspiration d'air venant de la baie vitrée située au-dessus du transept. La partie gauche du vitrail explose. Les bas-reliefs (les éléments sculptés) sont calcinés ainsi que les parties hautes du sas d'entrée.
Il aura fallu plusieurs années pour redonner au transept sud son éclat d'antan. Sans compter que les dimensions colossales de l'église, l'une des plus grandes de la capitale avec Notre-Dame de Paris et Saint-Eustache, nécessitent un entretien constant et un budget sur plusieurs mandatures.
Retrouver les savoir-faire oubliés
Les bas-reliefs ont donné du fil à retordre aux conservateurs-restaurateurs. Il s'agit d'une création des frères Slodtz, une fratrie née d’un père sculpteur qui travaille pour l'intendance des Menus-Plaisirs sous Louis XIV. Ces sculpteurs
maîtrisaient une technique à base de pâte à papier, connue aussi sous le nom de
carton-pierre, dont la mise en œuvre a été perdue au fil des siècles. Les bas-reliefs
ont donc été reproduits à base de pâte à papier supportée par une couche de
résine qui la renforce.
Grâce à une étude
stratigraphique, la couleur ocre-jaune d’origine de la porte située en dessous a
été retrouvée. Il ne restait plus qu'à repeindre tout le transept sud avec cette nouvelle teinte. Son inauguration a eu lieu en mars 2023.
Les couleurs vives de Lenepveu dévoilées

Peintures de Jules-Eugène Lenepveu, chapelle Sainte-Anne, église Saint-Sulpice (6e) en janvier 2023.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Peu connu du grand
public, Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898, attention à la prononciation !)
est un peintre classique très admiré au XIXe siècle.
Il est célèbre pour avoir peint le plafond de l’Opéra Garnier, désormais
recouvert par l’œuvre de Chagall. C'est à lui que l’on confie la réalisation de grandes peintures
murales pour habiller la chapelle Sainte-Anne de l'église Saint-Sulpice.
Cet artiste académique et
directeur de la villa Médicis s'inspire des décors italiens pour concevoir ses
œuvres. Il privilégie des couleurs vives et accorde à la lumière et à la
théâtralité une grande importance. Il a également fait des peintures à Saint-Louis-en-L’île
(Paris Centre), à la basilique Sainte-Clotilde (7e) et Saint-Ambroise (11e).
La restauration de ses peintures, qui a
duré huit mois, s’est achevée en mai 2022.
Les portes du péristyle occidental se parent de rouge-brun
Portes latérales du péristyle de Saint-Sulpice restaurées, janvier 2023.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Détail d'une des portes latérales du péristyle de Saint-Sulpice restaurées, janvier 2023.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Une des portes latérales du péristyle de Saint-Sulpice restaurées, janvier 2023.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
De mémoire de Parisien, personne ne se souvient avoir vu les portes du massif occidental de cette couleur… Mais il s'agit bien de la teinte originelle, comme une étude stratigraphique l'a démontré. À partir d'un petit échantillon tiré d'un détail de la frise, il a été possible de déterminer que ces immenses portes de 7 mètres de hauteur arboraient cette couleur rouge-brun. Les éléments dorés, en laiton, ont été brossés et nettoyés.
La chapelle des Âmes-du-Purgatoire révélée
Restauration de la chapelle des Âmes-du-Purgatoire, église Saint-Sulpice (6e).
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Détail d'une peinture de François-Joseph Heim dans la chapelle des Âmes-du-Purgatoire de l'église Saint-Sulpice (6e)
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Restauration de la chapelle des Âmes-du-Purgatoire, église Saint-Sulpice (6e).
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Détail d'une peinture de François-Joseph Heim dans la chapelle des Âmes-du-Purgatoire de l'église Saint-Sulpice (6e)
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Les Âmes-du-Purgatoire ont retrouvé leur splendeur en 2020. Une vaste restauration a été entreprise pour redonner à ces œuvres leur couleur d'origine. Auparavant, les peintures apparaissaient délavées sur la partie inférieure. Aujourd'hui, on peut de nouveau admirer tous les détails du peintre François-Joseph Heim (1787-1865).
La chapelle de la Vierge sous les échafaudages
La statue de la Vierge à l'enfant est en marbre. Elle est l'oeuvre du sculpteur Jean-Baptiste Pigalle.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
La chapelle de la Vierge dans l'église Saint-Sulpice (6e) dont la restauration devrait durer jusqu'en 2024.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
La chapelle de la Vierge dans l'église Saint-Sulpice (6e) dont la restauration devrait durer jusqu'en 2024.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Décors des frères Slodtz dans la chapelle de la Vierge de l'église Saint-Sulpice (6e).
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
La chapelle de la Vierge dans l'église Saint-Sulpice (6e) dont la restauration devrait durer jusqu'en 2024.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
La chapelle de la Vierge dans l'église Saint-Sulpice (6e) dont la restauration devrait durer jusqu'en 2024.
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Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
La chapelle de la Vierge dans l'église Saint-Sulpice (6e) dont la restauration devrait durer jusqu'en 2024.
Credit
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Les échafaudages, on les voit sans les voir. Sans eux pourtant, le chantier n'existe pas. Ils représentent aussi un coût important lors des restaurations. Ici, il faut compter 400 000 € pour la location, ce qui inclut le montage et le démontage.
Dans le cas de la chapelle de la Vierge, l'échafaudage s'étend sur 11 étages pour atteindre le plafond de la coupole. Il a fallu le placer au plus près des éléments à restaurer, mais sans les abîmer.
Dans cette chapelle
aussi, les décors sculptés ont été réalisés par les frères Slodtz. S'ils font
penser au château de Versailles, ce n'est pas un hasard : ces artistes
étaient aussi à l'œuvre pour les décors de fête à Versailles. À l'époque, une loterie
avait été organisée pour financer la décoration de la chapelle.
Une épaisse couche de crasse
recouvre aujourd'hui les angelots et autres sculptures à base de carton et de
colle. Entre la poussière qui s'accumule et la fumée des bougies, c'est
malheureusement inévitable.
Le plafond de la coupole abîmé par un incendie
En 1762, un incendie se
déclare dans la chapelle. La coupole est très endommagée et les peintures réalisées
par François Lemoyne (1688-1737) à partir de 1724 sont recouvertes par la suie
et partiellement brûlées. Inspiré par l'Italie, il a utilisé la technique de la
fresque pour cette coupole.
Pour ce faire, il a utilisé
de l'enduit frais dans lequel il a gravé les motifs. Il les a ensuite mis en
couleurs avec un liant à base de chaux, rendant l'œuvre inaltérable. Cette
technique est difficile à réaliser à Paris à cause du taux d'humidité qui
perturbe le temps de séchage.
Après l'incendie, on
fait alors appel au peintre Antoine-François Callet (1741-1823) pour redécorer
la coupole. Ce dernier va compléter les parties disparues et ajouter des
personnages à la base de la coupole, dont le célèbre curé Languet de Gergy qui
est à l’origine de la commande.
La chapelle de la Vierge est restaurée par la Ville de Paris, avec le soutien de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris, grâce à la générosité de Monsieur et Madame François Pinault, en mémoire de leur fille, Florence Rogers (1963- 2021).
La chapelle Saint-Joseph plus éclatante
Décor peint de la voûte dans la chapelle Saint-Joseph de l'église Saint-Sulpice (6e).
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Jean-Marc Moser / COARC / Ville de Paris
Détail du décor peint en cours de nettoyage : La Vierge Marie portant l’Enfant Jésus.
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Jean-Marc Moser / COARC / Ville de Paris
Statue en marbre de saint Joseph et l’Enfant Jésus par un artiste vénitien du XVIIIe siècle.
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Jean-Marc Moser / COARC / Ville de Paris
La restauration de la chapelle Saint-Joseph s’achève. Après les restaurations du vitrail en 2019-2020, de la statue du XVIIIe siècle figurant Saint-Joseph et l’Enfant Jésus début 2022 grâce au mécénat de la Fondation Frédéric de Sainte-Opportune, c'est au tour des décors peints et du mobilier de faire l’objet des soins des conservateurs-restaurateurs. Ces derniers vont redonner éclat et lisibilité à un décor peint qui était encrassé et ponctuellement très altéré.
Sous une voûte ornée de caissons en trompe-l’œil, les peintures murales représentent Le Songe de Saint-Joseph d’un côté et La Mort de Saint-Joseph de l’autre. Le peintre Charles Landelle (1821-1908), qui sollicite l’architecte Victor Baltard (1805-1874) pour l’obtention de cette commande, achève ce grand décor, apogée de sa carrière, en 1875. Cet artiste, ancien élève de Paul Delaroche et d’Ary Scheffer, s’est également illustré dans les églises parisiennes à Saint-Roch (1er), Saint-Germain l’Auxerrois (1er) et Saint-Nicolas-des-Champs (3e).
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