Des jeunes plongent dans le passé au Mémorial des martyrs de la déportation

Actualité

Mise à jour le 25/04/2025

Visite du Mémorial de la déportation et atelier
Le 28 avril, c’est la Journée nationale du souvenir de la déportation. L’occasion pour un groupe de jeunes, accompagnés par l’association IMAJ 95, de découvrir le Mémorial des martyrs de la déportation. On les a accompagnés dans ce lieu de transmission et de recueillement.
La visite commence au bout de l’île de la Cité, dans un lieu un peu à l’écart du bruit de la ville. Le Mémorial des martyrs de la déportation (Paris Centre), imaginé par l’architecte Georges-Henri Pingusson et inauguré en 1962, ne ressemble pas à un musée. On y descend par un escalier étroit, qui donne sur une petite placette fortifiée et ornée d’une immense herse menaçante. Puis des salles, tantôt sombres, tantôt glaciales. Partout, le silence ! De la pierre, des ombres, des écrits rouges comme entaillés dans les murs.
Dans ce décor volontairement austère, comme pour ancrer le site dans un profond respect, Géraud, le médiateur, guide la visite. Aujourd’hui, il accompagne un groupe de jeunes en réinsertion de l’association IMAJ 95. Pour Marion, leur éducatrice, cette visite est importante : elle permet à la fois d’encourager les nouvelles générations à sortir de leur quotidien, tout en s’intéressant à l’histoire de leur pays.
Journée nationale du souvenir de la déportation
Instaurée par la loi du 14 avril 1954, cette journée a pour but de ne jamais oublier les crimes du régime nazi ni les souffrances infligées à des millions d’innocents. Elle rappelle aussi le courage de ceux qui ont résisté. Elle a lieu cette année le 28 avril.
En France, environ 160 000 personnes ont été déportées, considérées comme « indésirables » par l’idéologie nazie. À Paris, deux rafles restent tristement célèbres : celle dite « du billet vert » en mai 1941, et celle du Vel’ d’Hiv, les 16 et 17 juillet 1942, où plus de 13 000 personnes, dont 4 415 enfants, furent arrêtées.
Le mémorial intègre un parcours pédagogique pour permettre une meilleure compréhension de ces faits, en particulier auprès des jeunes. Il se visite gratuitement !

Plus d’informations sur le Mémorial des martyrs de la déportation

Des échanges constructifs

Dans le groupe, certains découvrent, d’autres se souviennent de choses vues au collège, mais tous sont suspendus aux explications du guide. Géraud évoque sans détour la déportation telle qu’elle a été vécue en France pendant la Seconde Guerre mondiale : les arrestations, les rafles, les convois dans les wagons à bestiaux. Il rappelle que les déportés n’étaient pas seulement de confession juive, ils étaient aussi des résistants, des homosexuels, des Tziganes, des personnes handicapées ou des opposants politiques.

Je conseille à tout le monde de faire ce genre de sortie. C’est pas juste un devoir de mémoire, c’est une façon d’apprendre autrement.

Yassine
jeune de l’association IMAJ 95
Mais ce n’est pas un cours. Le guide pose des questions, les jeunes répondent, ils réfléchissent. « C’est quoi la déshumanisation ? » « C’est enlever ce qui fait de l’homme un humain. Ne plus avoir de droits. » ; « Être rasé. » ; « Être transporté comme un animal. » Puis, il décrit ces méthodes de déshumanisation, les expériences médicales menées dans les camps, les objectifs des nazis – et aussi ce que l’on oublie parfois : comment, après la guerre, certains responsables nazis ont été récupérés par des pays alliés pour leurs compétences scientifiques. La résistance est également abordée, les actions de sabotage, les récits par l’art.

Une autre façon de transmettre

Puis, la visite se poursuit dans les locaux de la Fédération nationale André-Maginot (5e), à deux pas, pour un atelier participatif. Le principe : imaginer un mémorial. Choisir une cause, une forme, une idée forte à léguer – tant qu’elle reste fidèle à l’esprit de transmission.
Par petits groupes, les jeunes réfléchissent. Les idées fusent. Les uns veulent un bâtiment immense, avec une pièce par type de violence infligée, ou un champ de statues. D’autres choisissent de mettre en lumière des figures oubliées : des personnes handicapées, des enfants déportés, des femmes du personnel médical. « On peut faire un truc énorme ? » demande Liyan, motivé. « C’est quoi le symbole de la Résistance ? » interroge un autre.
La discussion devient réflexion collective. Comme le raconte Yassine : « Ça nous apporte de la culture générale, mais pas que. C’est important de rappeler ce que la France a traversé. On apprend ça à l’école, mais jamais aussi précisément. Là, on voit les détails, les vrais récits. Il y avait des choses qui font peur, mais c’est nécessaire. »
Ni monument figé ni leçon d’histoire, cette après-midi de sensibilisation a permis aux jeunes de concevoir la mémoire autrement. Par l’écoute, l’émotion, la création aussi. Et c’est peut-être ça, le plus important aujourd’hui : faire que cette histoire continue d’être transmise, de façon vivante, sincère et partagée.
Commémorations : Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation
Mémorial de la Shoah - 17 rue Geoffroy l’Asnier, Paris 4e
Du dimanche 27 avril 2025