L’Art déco célèbre ses 100 ans : découvrez des bâtiments parisiens remarquables
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Mise à jour le 28/08/2025

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En 1925 se tenait l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes sur l’esplanade des Invalides. C’est à cette occasion que l’Art déco a été propulsé sur le devant de la scène mondiale. Églises, musées, cinémas, piscines… Découvrez 9 façades parisiennes représentant la variété de ce style !
Des immeubles élégants décorés de lignes géométriques et épurées, des bâtiments d’une symétrie parfaite, tout en étant éclectiques : c’est ça, l’architecture Art déco ! Le mouvement artistique tire son nom de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 et reflète le bouillonnement créatif d’une société d’après-guerre en pleine transformation.
Le Corbusier, Robert Mallet-Stevens, Auguste Perret ou Henri Sauvage sont parmi les architectes les plus audacieux de cette période. Leur point commun ? Un désaveu à l’exubérant Art nouveau marqué par Hector Guimard, le père des entrées des métros parisiens.
Dans cet entre-deux-guerres, Paris
connaît un véritable boom immobilier. De nombreux immeubles résidentiels, des cinémas,
des théâtres, des hôtels et des stations de métro sont construits ou rénovés
dans le style Art déco. Voici neuf chefs-d’œuvre patrimoniaux connus ou moins
connus des Parisiens.
Les fontaines de la porte de Saint-Cloud
Les deux pylônes ont été inaugurés le 17 juillet 1936, à 22 heures : effets lumineux obligent !
Crédit photo :
Sofian Boussaid / Ville de Paris
Les fontaines des architectes Jacques Billard et Robert Pommier et du sculpteur Paul Landowski après restauration en 2021.
Crédit photo :
Sofian Boussaid / Ville de Paris
Du haut de leurs 10 mètres, ces deux
fontaines surplombent la place de la porte de Saint-Cloud (16e). Surnommées les « Sources de la Seine », ce sont,
en 1936, les premières fontaines lumineuses de Paris. Chefs-d’œuvre d’art
décoratif, elles sont nées du travail collaboratif de deux architectes, Robert
Pommier et Jacques Billard, et d’un sculpteur, Paul Landowski.
Les frises représentent les sources
de la Seine, les villes et les villages traversés par le fleuve ainsi que les
monuments qu’il longe à Paris. Un grand chantier de restauration,
mené en 2021, a permis aux sculptures, aux mosaïques et au
système hydraulique d’être remis à neuf.
La piscine Pontoise
La piscine Pontoise (5e) est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1998.
Crédit photo :
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
La façade de la piscine Pontoise (5e).
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
La piscine Pontoise (5e) s’organise autour d’un bassin surplombé de deux étages de coursives abritant des cabines privatives.
Crédit photo :
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Les colonnettes en brique, signatures de Lucien Pollet.
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
La piscine Pontoise (5e), inaugurée en 1934, est l’une des quatre piscines conçues par le grand architecte Lucien Pollet dans les années 1930, avec les piscines Molitor (16e), Pailleron (19e) et Bernard-Lafay (17e). Son bassin est surplombé de coursives habillées de céramiques jaune et bleu, de cabines privatives et d’une immense verrière qui le baigne d’une lumière naturelle.
Malgré la transformation de l’entrée, notamment avec le chantier de restauration achevé en 2023, la façade offre encore aux regards son élément le plus caractéristique : une façade en brique, utilisée en parement, mais également pour former des colonnettes et les contours de fenêtres qui semblent tressées.
Le Théâtre des Champs-Élysées
Une façade à l'esprit grec pour le théâtre des Champs-Elysées.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Les bas-reliefs du théâtre des Champs-Elysées conçus par Antoine Bourdelle.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Les disciplines artistiques sur les bas-reliefs conçus par Antoine Bourdelle.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
À sa construction, en 1913, l’Art
déco en est qu’à ses prémices et Auguste et Gustave Perret, à la tête du
chantier, accusent de vives critiques : que vient faire ce bâtiment en
marbre blanc d’esprit grec épuré sur l’avenue Montaigne (8e) ? Les fresques et les bas-reliefs sont pourtant signés
Antoine Bourdelle. Ils évoquent des scènes et des disciplines artistiques (la musique,
l’architecture et la sculpture, la tragédie, la comédie et la danse).
Mais c’est finalement par le Théâtre
des Champs-Élysées (8e),
symbole de modernité, que les frères Perret acquièrent leur notoriété :
grâce au principe de construction et au béton armé, la salle n’a aucun support
intermédiaire et la visibilité pour le spectateur est parfaite.
Le cinéma Louxor
La façade du cinéma Louxor (10e).
Crédit photo :
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
La salle principale du cinéma Louxor (10e).
Crédit photo :
Pascal Dhennequin/Ville de Paris
Détail du décor de la salle de cinéma.
Crédit photo :
Pascal Dhennequin/Ville de Paris
Son architecte, Henri Zipcy, est
l’homme d’une seule œuvre, et quelle œuvre ! Louxor (10e), situé à l’angle
des boulevards de Magenta (10e) et de la Chapelle, c’est non seulement l’une des
premières salles exclusivement destinées au cinématographe à son ouverture en
1921, mais aussi le plus bel exemple d’égyptomanie Art déco dans la capitale.
Son décor est constitué de frises en
mosaïque multicolores représentant des scarabées et des cobras en façade, et des
pilastres stuqués bleu lapis-lazuli dans la salle principale. Ce cinéma d’art et d’essai a eu de nombreuses vies – il a même été un temps transformé en boîte de nuit ! –, mais il a toujours gardé ce style particulier qui tranche
avec celui des immeubles du quartier.
Le Grand Rex
Façade du Grand Rex (Paris Centre).
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Conçu par l’architecte Auguste Bluysen, assisté de l’architecte américain John Eberson, le Rex est en 1933 l’un des plus grands cinémas de Paris.
Crédit photo :
Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
Le Grand Rex est inspiré des cinémas new-yorkais.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
En 1933, le critique Antoine
Goissaud publie un article sur le nouveau cinéma-théâtre du boulevard
Poissonnières : « J’ai trouvé inouï que
l’on ait laissé bâtir sur les Grands Boulevards une si bizarre construction.
Quelle largeur ! Quelle hauteur ! Quelle immense chambre
noire ! » Hormis sa spectaculaire rotonde, cet étrange
édifice, baptisé alors Rex Théâtre, ne donne en effet à voir que des volumes ou
des parois aveugles.
Le projet est inspiré des salles new-yorkaises : la façade enveloppe une gigantesque ossature métallique qui permet la création d’une salle de 3 500 places. Son plafond donne l’illusion d’un ciel étoilé. La décoration est l’œuvre de Maurice Dufrène, l’un des maitres de l’Art déco français.
Le Grand Rex (Paris Centre) a célébré en 2022 ses 90 ans en dévoilant une nouvelle façade Art déco et une nouvelle salle nommée Infinite.
L’église Saint-Christophe-de-Javel
Les fins piliers cruciformes dégagent la vue vers l’autel.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
L’église Saint-Christophe-de-Javel a été inaugurée en 1930.
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
L’orgue de tribune est un Schwenkedel de 1972.
Crédit photo :
Clément Dorval/Ville de Paris
Située à proximité des usines
Citroën, l’église en brique dressée selon les plans de l’architecte
Charles-Henri Besnard est placée sous la protection de Saint-Christophe, patron
des automobilistes. Sur le décor peint du chœur figurent de part et d’autre du
saint des usagers des divers moyens de locomotion : automobiliste,
aviateur, skieur, cycliste. Ses hauts reliefs ont été inspirés par le
caricaturiste Roubille afin d’illustrer les vertus et les vices !
Mais l’église Saint-Christophe-de-Javel (15e) marque surtout une révolution architecturale : pour faire des économies, Besnard y invente la construction préfabriquée avec des moules fabriquées en série en usine, ce qui permet de supprimer le chômage hivernal.
Le Bon Marché
L’histoire du Bon Marché (7e)
date de bien avant l’Art déco quand, en 1852, le couple Boucicaut lance le
premier « grand magasin » parisien, à l’angle des rues du Bac (7e)
et de Sèvres. Au vu de son succès, peu à peu, de nouveaux
édifices sont construits. Les ateliers Moisant et Gustave Eiffel ont conçu
l’aménagement intérieur du Bon Marché en appliquant leurs toutes dernières
avancées en architecture métallique industrielle, créant ainsi une structure
innovante qui laisse la lumière inonder l’espace.
L’expansion continue : en 1912, les Nouveaux Magasins s’installent à l’endroit où se trouve aujourd’hui la Grande Épicerie de Paris (7e), de l’autre côté de la rue du Bac. En 1915, un incendie détruit ce bâtiment, qui est reconstruit ensuite dans un style Art déco et rouvert en 1923.
Le Palais de Tokyo
Le bâtiment dénommé « Palais de Tokyo » tient son nom du « quai de Tokio » (l’actuelle avenue de New York).
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Les deux ailes du Palais de Tokyo (16e) ont été inaugurées le 24 mai 1937.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
La statue "La France éternelle" d'Antoine Bourdelle.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Bas-reliefs imaginés par le sculpteur Janniot.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Time Out vient de classer le Palais de Tokyo (16e) dans son Top 9 des plus beaux bâtiments Art déco du monde. Le vaste ensemble architectural de l’avenue du Président-Wilson, conçu pour l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937, a d’emblée été conçu pour abriter deux musées bien distincts : le musée d’Art moderne de Paris (16e) d’une part, et le musée national d’Art moderne (Paris Centre) d’autre part, aujourd’hui devenu le plus grand centre d’art contemporain d’Europe, plus connu sous le nom de Palais de Tokyo.
Il se compose de deux ailes reliées par une colonnade, le tout articulé autour d’une place, d’un bassin rectangulaire et d’une fontaine. Le palais évoque l’architecture nationaliste et grandiloquente des années 1930, mais son esthétique austère est adoucie par les grandes frises décoratives représentant des figures humaines aux formes souples, réalisées par le sculpteur Alfred Janniot.
Le Palais de la Porte-Dorée
En 1987, le caractère artistique et historique du bâtiment est reconnu en étant inscrit au titre des monuments historiques.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Le Palais de la Porte-Dorée (12e) est désormais le musée national de l’Histoire de l’immigration.
Crédit photo :
Clément Dorval / Ville de Paris
Cent cinquante-sept figures humaines sont sculptées sur la façade du Palais de la Porte-Dorée (12e).
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Clément Dorval / Ville de Paris
Au 293, avenue Daumesnil (12e), en plus de l’Aquarium tropical, on trouve depuis 2004 le musée national de l’Histoire de l’immigration. En 1931, lors de l’exposition coloniale qui se tenait dans
le bois de Vincennes (12e) tout proche, le Palais de la Porte-Dorée (12e)
abritait le musée permanent des Colonies, dont l’architecture est une synthèse
du goût moderne et des références empruntées outre-mer. Sa façade est composée
d’une colonnade.
Derrière ce premier
« rideau », une prouesse technique : la
tapisserie sculptée de 1 130 mètres carrés d’Alfred Janniot. Le sculpteur y représente autour d’une figure centrale
l’Abondance, des divinités, des allégories des grands ports français et 157 figures humaines.
À l’intérieur du palais, tous les arts décoratifs sont sollicités pour donner vie à une œuvre collective : ébénisterie, sculpture, ferronnerie, mosaïque, fresque, peinture, verrerie…
Tout ce qui concerne le patrimoine vous intéresse ?
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Exposition « Paris 2025 : L’Art déco et ses architectes » à la Cité de l’architecture www.citedelarchitecture.fr
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Exposition « 1925-2025. Cent ans d’Art déco » au musée des Arts décoratifs madparis.fr
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À lire : « Architectures Art déco Paris et environs : 100 bâtiments remarquables », de Simon Texier www.parigramme.com
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