Ces lieux disparus qui font aussi l'histoire de Paris 1/2

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 10/11/2025

Parc d'attractions du Luna Park. Paris, vers 1910.
Certains monuments et lieux de la capitale ont disparu du paysage parisien, détruits, remplacés ou victimes des progrès et de l’évolution des normes… Dans ce premier épisode, de la statue d'Isis à la gare de la Bastille, de Luna Park à la tour de Nesle et le scandale qui l'a agitée, retour sur l'histoire de ces lieux étonnants inscrits dans la mémoire collective.

La fontaine de la Régénération et son Isis

Si aujourd’hui, et depuis 1840, trône place de la Bastille (Paris Centre) la colonne de Juillet, à fut un temps où une femme égyptienne se dressait sur cette même place !
Après la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, la forteresse devenue prison est détruite. Pendant trois ans, ce lieu reste à l’état de terrain vague et il faut attendre 1792 pour qu’une place soit construite sur les gravas : la place de la Bastille.
En 1793, une fontaine est érigée sur la place. Au sommet d’un promontoire formé de plusieurs marches, la déesse Isis est assise, entourée de deux lions. Vêtue d’un pagne et les bras croisés, elle cache pudiquement sa poitrine de laquelle jaillit de l’eau.
Érigée à l’occasion du premier anniversaire de la journée du 10 août 1792, date de la prise des Tuileries, la fontaine est l’élément central d’une grande fête révolutionnaire, dite de l’Unité et de l’Indivisibilité. Le 10 août 1793, 86 personnes âgées s’avancent vers la fontaine pour en boire l’eau. Par ce procédé et à travers ces quelques hommes, c’est toute la nation qui se régénère !
Édifiée en plâtre, la fontaine se détériore rapidement et est finalement détruite quelques années plus tard.

Luna Park, « la ville enchantée »

Le 29 mai 1909, le premier parc d’attractions parisien ouvre ses portes. Le Luna Park, situé à l’emplacement actuel du palais des congrès (17e), alors en périphérie de Paris, est appelé par la presse la « huitième merveille du monde ». Et pour cause, les progrès en matière de constructions métalliques et d’installations électriques permettent de proposer au public de nombreuses attractions à grand spectacle.
Pour 1 franc seulement, petits et grands ont accès à toute une panoplie d’activités : la Water Chute, les Roues diaboliques, le Chatouilleur, la Roulette humaine… et le Scenic Railway, d’énormes montagnes russes ! Et Luna Park n'est pas seulement un parc à thème : la « ville enchantée » accueille aussi de grands évènements comme des combats de boxe.
Luna Park finit par fermer ses portes et est entièrement détruit en 1948.

La gare de la Bastille et ses locos à vapeur

Le 22 septembre 1859, Napoléon III inaugure la gare de la Bastille (12e). Construite par la Compagnie de l’Est, elle doit permettre de désengorger la gare de Strasbourg, actuelle gare de l'Est (10e). La gare de la Bastille, en service de 1859 à 1969, est le point de départ de la ligne reliant Paris à Marles-en-Brie (Seine-et-Marne). Plus communément appelée « ligne de Vincennes », elle permet de transporter les travailleurs parisiens vivant en dehors de la capitale, pratique !
Mais au fil des ans, la gare n’est pas modernisée : on trouve uniquement des locomotives à vapeur, et il faut attendre 1936 pour que l’éclairage électrique soit installé. Au final, le service est suspendu au départ de Paris en décembre 1969, et une partie du tracé de la ligne est intégrée à la toute nouvelle ligne A du RER.
Une fois le service arrêté, la gare se transforme en lieu d’exposition artistique. En 1984, la gare de la Bastille est finalement détruite, lors de la construction de l’Opéra Bastilleà son emplacement.

L'hôpital de la Charité, un modèle

En 1601, Marie de Médicis, alors reine de France et de Navarre, fait venir à Paris cinq frères de la congrégation de Saint-Jean-de-Dieu pour soigner les indigents de la capitale. Pour ce faire, ils s’installent dans un premier temps près du quai Malaquais (6e). En 1607, l’hôpital déménage et s’établit à l’emplacement de l’ancien hôtel de Sansac, rue des Saints-Pères (6e). Les religieux, propriétaires des lieux jusqu’en 1789, assurent le service de l’hôpital, à la fois infirmiers et chirurgiens ! L’hôpital de la Charité se présente comme un modèle en matière d’hygiène, de confort et de soins thérapeutiques.
Au moment de la Révolution, l’hôpital est confisqué aux religieux mais continue de fonctionner sous le nom d’hospice de l’Unité. Même si la direction ne leur revient plus, les frères Saint-Jean-de-Dieu continuent de prendre en charge les soins, jusqu’à leur départ en 1801.
Après plusieurs années de loyaux services envers les indigents, l’hôpital est finalement fermé puis détruit en 1935 pour faire place à la nouvelle école pratique de médecine de la Faculté de Paris.

La tour de Nesle

Au fil de son extension, la capitale s’est entourée de sept enceintes successives. Parmi elles, l’enceinte de Philippe Auguste construite à la fin du XIIe siècle pour protéger Paris. Intégrées à ce mur, plusieurs tours renforcent les fortifications, dont quatre fortes tours de 25 mètres de haut et de 10 mètres de large, permettent une surveillance du fleuve et un contrôle de la navigation fluviale.
L'une est plus célèbre que les autres : la tour de Nesle. Construite vers 1200 sur la rive gauche de la Seine, la tour fait face à sa jumelle de l’autre rive, la tour du Coin située non loin du palais du Louvre. Ce face à face est stratégique : tendues entre les deux tours, de grosses chaines permettent d’empêcher les passages de bateaux.
En 1314, au cours du règne de Philippe le Bel, une affaire d’État éclate au sein de la famille royale et ébranle la dynastie capétienne : l’affaire de la tour de Nesle. Les princesses royales Marguerite et Blanche, belles-filles du roi, sont accusées d'y avoir entretenu des relations adultères avec deux chevaliers, les frères d’Aunay. Coupables de lèse-majesté, ils sont mis à mort. Les princesses, jugées devant le parlement de Paris, sont reconnues coupables d’adultère, rasées et condamnées à l’incarcération perpétuelle.
En 1663, la tour est détruite pour permettre la construction de la bibliothèque Mazarine et du collège des Quatre-Nations, devenu le siège de l’Institut de France (6e).
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