Nos expert·e·s vous font voyager en romans

Sélection

Mise à jour le 19/01/2024

Voyagez en romans avec nos expert.e.s
Conseils lecture de « gens du livre» (avec des Goncourt et des Renaudot s'il vous plait) pour partir très loin sans quitter sa chambre…

Leila Slimani (autrice, lauréate du prix Goncourt 2016)

Karina Sainz Borgo, La fille de l’Espagnole. Un roman très fort qui prend presque des tournures de thriller et qui retrace, dans une langue affûtée, quelques jours dans la vie d'une jeune femme à Caracas, alors que les émeutiers ont pris le contrôle de la ville. Récit d'un pays en proie à la faillite, ce roman ausculte aussi la part la plus sombre des êtres humains, la déréliction des valeurs morales et interroge la frontière entre le bien et le mal.

Frédéric Martin (fondateur et directeur des éditions Le Tripode)

J’ai eu la chance de vivre dans des lieux assez différents (Marseille, Paris, Rennes, Tahiti, les Pays-Bas, le Maroc, l’Allemagne) mais les dépaysements les plus forts, les chocs culturels qui m’ont le plus changé, c’est avec des livres que je les ai eus. C’est comme cela que m’est venue l'idée de lancer dans le métro une campagne « La librairie, c’est mieux que l’avion ». A un moment où les gens peuvent enfin sortir de chez eux mais où les déplacements restent compliqués, il me semblait important de rappeler qu’on a souvent pas loin de chez nous des lieux fabuleux, avec des gens généreux qui vous assurent des téléportations et du plaisir à des prix dérisoires: les librairies. Et si je devais donner un seul exemple de livre qui fut un choc pour moi et dont je dois la découverte à une librairie, je dirais Les Saisons, de Maurice Pons.

Sylvain .G (libraire à l’Écume des Pages, dans le 6e)

Choix 1: il y a quelques années ma mémé me disait : « Pourquoi tu ne prends pas ton vélo pour faire le tour de l’Indre ? » Je lui répondais que c’était trop dangereux, et que je préférais lire Bill Bryson, plus prudent… et plus drôle… Choix 2: Lisez ce livre ! Puis les autres! Puis relisez-les !
Sélection de romans voyageurs

Anne Hautecœur (directrice des éditions La Musardine)

Bien que surprenant, mon choix se porte sur Le Désert des Tartares, de Dino Buzzati. Pourquoi ce texte qui incarne une forme de confinement volontaire et d'attente incertaine, alors que nous venons de les subir violemment ? Sans doute parce que ce roman me fait entrevoir la possibilité de se retrouver face à soi-même, déraciné des siens (ayant été confinée en appartement avec ma petite famille), parce qu'il ouvre un horizon infini à scruter, avec un objectif unique, simple et inconnu. Un voyage qui n'a rien de vacances, mais qui m'a offert une évasion qui me suit encore.

Nicolas Mathieu (auteur, lauréat du prix Goncourt 2018)

Le maître de Ballantrae, de Robert Louis Stevenson. C'est sans doute le roman d'aventure total, qui débute en Ecosse, se poursuit en histoire de piraterie, nous mène aux Indes puis en Amérique du Nord, où l'on fraie parmi les indiens et les trappeurs. Mais au-delà du folklore, du dépaysement, de la beauté du style, ce voyage nous mène plus loin, vers le seul pays à jamais intact : l'enfance."
Voyagez en romans avec nos experts

Valérie Manteau (lauréate du Prix Renaudot 2018)

Kinshasa jusqu'au cou, d'Anjan Sundaram. C'est l'histoire d'un Indien d'Amérique (un Indien d'Inde immigré aux USA) qui décide après quelques errances prestigieuses dans son orientation professionnelle de plaquer Goldman Sachs pour s'installer à Kinshasa (RDC) comme reporter autodidacte dans un pays dont il ignore tout. Ceci à la veille des élections chaotiques de 2006. Que vous ayez déjà lu tout ce qui s'est écrit sur le Congo, de Conrad à Sony Labou Tansi, ou que vous vous apprêtiez à le faire sans savoir par où finir ou commencer, Kinshasa jusqu'au cou est une porte d'entrée-sortie parfaite: c'est drôle, didactique, passionnant, imagé, inattendu… Ça ne donne pas forcément très envie d'aller à Kinshasa et c'est un peu dommage, en même temps comme les frontières sont fermées autant ne pas se créer de frustrations et bouquiner tranquille.

Lucie Eple (libraire à Le pied à terre)

La trilogie de Liu Cixin, une trilogie SF soap-opera astrophysique (!)… Ça parle beaucoup d'astrophysique donc je n'y entends rien, mais ça m'a pourtant totalement passionnée. La terre est menacée par une civilisation extraterrestre, et on suit sur plusieurs siècles la façon dont elle se prépare à l'attaque pour la contrer, avec évidemment l'aérospatiale et les physiciens au premier rang. C'est en cours d'adaptation par Netflix, et c'est génialissime".

Claire Malary (dessinatrice, lauréate du Grand Prix Artémisia 2019)

Le Chant du monde, de Jean Giono. Un livre envoûtant dont on se délecte. Surtout ne lire que quelques pages à la fois, faire durer le plaisir et se perdre dans les métaphores de Giono. Un chef-d’œuvre marquant, comme travaillé par la nature elle-même. Une épopée d’hommes-sensibles disparus."
Voyagez en romans avec nos experts

Bérengère Cournut (lauréate du Prix du roman Fnac 2019)

La Vouivre, de Marcel Aymé. Une immersion dans la campagne jurassienne et les tableaux de Courbet – avec en prime une plongée vertigineuse dans les profondeurs païennes des marais. Marcel Aymé peint avec cruauté et tendresse l’exaltation sauvage des appétits paysans. Le tout survolé par le regard lascif, presque indifférent, de la créature éternelle qu’est la Vouivre. Effroyable et réjouissant.

Nina Martinet (libraire à la Ici Librairie, dans le 2e)

Funérailles célestes, de Xinran. Au cœur d'un Tibet en guerre dans les années 50, une jeune femme chinoise va, grâce à l'amour de son mari disparu, rencontrer et embrasser tout un peuple et sa culture ! Une épopée romanesque et spirituelle qui fait de ce livre, un roman inoubliable empreint d'une étrange et douce mélancolie.

Chloé Pathé (directrice éditoriale des éditions Anamosa)

La Ballade silencieuse de Jackson C. Frank, de Thomas Giraud. Un texte sensible, comme une chanson folk, où l’on suit, de Cheektowaga dans l’État de New York à la frénésie des rues londoniennes, la vie déchirée du musicien oublié Jackson C. Frank. BO : l’album Blues Run the Game (1965)."
Voyagez en romans avec nos expert.es

À lire aussi

Vous ne connaissez toujours pas ?

Sélection des bons plans intemporels, mais qui valent le coup toute l'année !